Erik Guay connaît bien la sensation de frôler le podium. Il ne veut plus la revivre. Il a donc joué son va-tout, mercredi, lors du super-G des Championnats du monde de Garmisch-Partenkirchen (Allemagne). Le risque n'a pas payé, le skieur de Mont-Tremblant sortant de parcours à mi-chemin de l'épreuve remportée par l'Italien Christof Innerhofer.

Quand il a décroché le téléphone quelques heures plus tard, Guay n'avait aucun regret. En pleine séance de physiothérapie, le skieur de Mont-Tremblant analysait les choses froidement.

«Je suis bien parti en haut, et j'ai ensuite commis une petite erreur de jugement. J'ai été un peu trop direct dans une trajectoire, ce qui m'a coûté un peu de temps. Après ça, ma mentalité, c'était de me rattraper», a-t-il expliqué, pendant que la physiothérapeute s'appliquait à assouplir les muscles autour de son dos.

En cherchant à couper les trajectoires sur ce parcours glacé et bosselé à l'extrême, Guay a fini par être déporté. Il a dû lâcher prise dans la dernière cassure. «Ça aurait pu passer, mais il aurait fallu que je sois plus commis dans l'initiation de mon virage», a-t-il jugé après coup.

Aucun regret, donc, pour le skieur de 29 ans, qui ne compte plus les résultats frustrants en grand championnat. Avant ces deux cinquièmes places aux Jeux olympiques de Vancouver, il avait fini quatrième et sixième aux Mondiaux d'Äre (2007), deux fois sixième à ceux de St. Moritz (2003) et quatrième aux JO de Turin (2006). À Garmisch, il a décidé pendant la course que ce serait le podium ou rien.

L'analyse des résultats l'a conforté dans son choix tactique. L'Autrichien Benjamin Raich, qui précédait Guay sur la Kandahar, a enregistré sensiblement les mêmes chronos intermédiaires. Pour se retrouver cinquième à l'arrivée...

«Quatrième ou cinquième, je l'ai déjà fait, a rappelé Guay. Ça me tentait plus. Pour moi, c'est fini.»

Triste dénouement pour celui qui avait beaucoup misé sur ces Mondiaux de Garmisch. L'hiver dernier, il y avait décroché le globe du super-G en remportant la dernière course de la saison.

Mais sa préparation pour la quinzaine allemande était loin d'être optimale. Depuis Noël, son dos le fait souffrir. Il a ressenti de nouvelles raideurs au lendemain de sa sortie de piste au super-G d'Hinterstoder, samedi dernier. Si bien que Guay n'avait pas skié depuis trois jours avant l'échauffement à Garmisch.

«C'était un peu raide ce matin, mais je me suis bien senti pendant la course, a-t-il dit. C'est sûr que j'aurais aimé avoir la santé à 100 pour cent et quelques jours de plus pour me préparer, mais ce n'est pas toujours comme ça. Le ski n'est pas si loin.»

L'Albertain Jan Hudec, un autre éclopé de l'équipe canadienne (main fracturée à Wengen, dos coincé à Kitzbühel...), a connu le même sort que Guay. Si bien que le meilleur résultat canadien a été l'oeuvre de la recrue Benjamin Thomsen, 19e à 3,61 secondes d'Innerhofer.

Derrière Innerhofer, qui courait après ce grand résultat depuis quelques années, l'Autrichien Hannes Reichelt a récolté l'argent (+ 0,60). L'irrésistible Croate Ivica Kostelic, qui se disait «en vacances» en Allemagne, a arraché le bronze (+ 0,72) dans ce qu'il a qualifié de «course la plus dure de sa vie». Le vétéran Suisse Didier Cuche, tenant du titre, a atterri au pied du podium.

En plus de la glace et des bosses, les zones d'ombre ont considérablement compliqué la tâche des skieurs. Seize des 40 premiers partants n'ont pas rallié l'arrivée. «C'était un des super-G les plus durs de l'année», a convenu Erik Guay, qui espère que «tout va bien aller» en vue de la descente prévue samedi prochain. Prochaine épreuve au programme, vendredi : le super combiné féminin, auquel participera la Québécoise Marie-Michèle Gagnon.