Le Dr Mark Borzecki, urgentiste d'Ottawa, a joué un rôle de premier plan dans le sauvetage du skieur autrichien Hans Grugger, victime d'une terrible chute lors d'un entraînement en vue de la Coupe du monde de Kitzbühel, jeudi dernier.

Postés dans le haut du parcours, juste en bas du saut Mausefalle, où Grugger s'est envolé, le Dr Borzecki et deux de ses collègues autrichiens ont été les premiers à le secourir, quelques secondes après l'impact.

En raison de l'ampleur de l'impact de la tête contre la piste glacée, le Dr Borzecki, qui travaille aux urgences de l'Hôpital civique d'Ottawa, a immédiatement craint pour la vie du skieur autrichien.

«Ce genre de chose me préoccupe toujours, c'était évidemment une inquiétude», a-t-il dit lors d'une entrevue qui s'est déroulée à Kitzbühel, trois jours après l'accident. «Il y a beaucoup de force impliquée dans ce genre d'accidents. Un des problèmes avec les traumatismes est qu'une personne peut sembler bien aller, puis son état peut se mettre à se détériorer très rapidement en raison de blessures non apparentes. On ne sait jamais.»

L'hélicoptère de secours, posté près de l'arrivée, a immédiatement été appelé. Accompagné de deux orthopédistes, le Dr Borzecki a joué un rôle prépondérant dans l'application des premiers soins. Il a reçu l'aide rapide de deux autres médecins autrichiens déposés par l'hélicoptère. Ceux-ci étaient équipés d'une trousse de réanimation complète, comprenant un défibrillateur.

Le Dr Borzecki n'est pas autorisé par la Fédération internationale de ski de dévoiler les détails du cas de Grugger. Il a néanmoins indiqué qu'une «réanimation assez complète a été nécessaire».

«Je suis très impressionné par la façon dont ça s'est déroulé sur la montagne, a dit l'urgentiste. Je dirais que ça s'est aussi bien passé sur la montagne que ce qu'on peut faire à l'hôpital.»

Le protocole d'intervention est d'ailleurs le même sur les pentes: libérer les voies respiratoires du blessé, rétablir sa respiration, évaluer son niveau de conscience et mesurer ses signes vitaux. «Puisque c'était une blessure à la tête et qu'il était inconscient, l'une des premières choses à faire a été d'immobiliser son cou.»

Le Dr Borzecki ne se souvient pas du temps exact qu'il a fallu avant que Grugger soit héliporté à Innsbruck.

À la Coupe du monde de Lake Louise, l'évacuation moyenne prend 17 minutes. «Dans ce cas, il y avait plusieurs choses à faire. Ça a certainement pris plus de temps que ça», a-t-il évalué.

État stable

L'état de santé de Grugger, plongé dans un coma depuis quatre jours, est toujours stable, a fait savoir la fédération autrichienne hier. Le skieur de 29 ans a été victime d'un grave traumatisme crânien. Ses médecins ont manifesté un «optimisme prudent» quant à l'évolution de son état de santé.

Urgentiste à Ottawa depuis 17 ans, le Dr Borzecki, lui-même skieur et ancien compétiteur, accompagne l'équipe canadienne depuis deux saisons. Il partage le travail avec d'autres collègues. Tous les entraînements de vitesse et compétitions sont couverts par un médecin.

Le 27 décembre dernier, le Dr Borzecki était en poste quand le Québécois Louis-Pierre Hélie a été victime d'un traumatisme crânien à la suite d'une chute à l'entraînement à Bormio. L'Américain Marco Sullivan avait lui aussi subi une importante commotion séance en début de séance.

Après avoir repris conscience, Hélie, également blessé à un genou, avait prié le Dr Borzecki de le laisser redescendre par ses propres moyens. «Ce sont simplement les paroles irrationnelles d'une personne confuse. On voit la même chose à l'hôpital après un accident de la route.»

À l'image de la routine qu'il adopte à l'hôpital, le Dr Borzecki s'est limité à une discussion de cinq minutes avec ses collègues après son intervention auprès de Grugger. Une séance de jogging lui a permis d'évacuer la tension plus tard dans la journée.

«C'est toujours contrariant, ce genre de chose. C'est une belle journée, tout le monde est simplement en train de skier et cette chose horrible arrive.»

Comme le lui a dit un collègue autrichien, il venait d'expérimenter «la face noire du ski de compétition».