«Si vous descendez la Streif, moi je le fais avec des skis en bois!» Le responsable de la sécurité autour du portillon de départ rigolait bien devant ces deux journalistes venus s'enquérir du meilleur endroit pour accéder à la mythique piste de Kitzbühel. Échange pour la forme. La piste est bien sûr fermée en prévision de la Coupe du monde.

Il y avait quand même moyen d'y jeter un oeil, hier, en cette journée de congé. Première impression? Ils sont fous, ces skieurs. Vraiment. C'est sombre, à pic et glacé comme une patinoire. Les organisateurs ont d'ailleurs posé un tapis sur la glace pour permettre aux touristes de traverser le premier mur, d'où l'on a une vue imprenable sur le Maussefalle (la «souricière»), le premier saut qui propulse les descendeurs à plus de 100 km/h.

On s'arrête un peu plus loin, à la sortie du Steilhang, un virage à contre-pente qui pousse les coureurs vers les filets. En 2008, l'Américain Bode Miller avait carrément skié sur la clôture avant de s'envoler vers le podium. «J'étais là, on voyait clairement la coupure dans le tapis», dit Kevin Ruane, un Autrichien de 33 ans qui agit comme lisseur de piste durant la course. Ce sont eux qui défont les ornières après le passage des skieurs.

«L'an dernier, les Canadiens ont tous pris ce virage sur le ski intérieur, dit Kevin, moniteur et entraîneur. Ça n'avait pas très bien fonctionné. Ce sera intéressant de voir ce qu'ils feront cette année.»

Sans savoir qu'il a affaire à un journaliste canadien, il enchaîne sur les différences techniques entre coureurs autrichiens et canadiens. Pression-extension pour les premiers, jambes droites et angulations pour les seconds: «Tu peux voir tout de suite si quelqu'un a appris son ski au Canada ou en Autriche.»

Il paraît qu'il y a des manuels là-dessus. Au fait, Kevin, la Streif est ouverte au public après la Coupe du monde? «Oui, mais il n'y a personne qui y va. Il y a des bosses, c'est trop glacé. Et ils enlèvent les filets...»