Le cauchemar se poursuit pour le skieur Stefan Guay. Il croyait être enfin guéri d'une grave blessure à un genou subie en 2006. Le jeune homme de 24 ans a appris récemment qu'il devra se faire réopérer. Pour la septième fois. L'équipe canadienne parle au passé de la courte carrière de ce grand espoir. Lui s'accroche à son rêve.

Stefan Guay était à l'arrêt complet la saison dernière à la suite de sa sixième opération au genou droit. Il croyait pouvoir revenir sur ses skis et rejoindre l'équipe canadienne à la fin de l'été. Le jeune homme de 24 ans avait reçu le feu vert des médecins pour reprendre l'entraînement en gymnase. Il pensait être guéri, mais la douleur est revenue. Insidieuse et intense.

Guay a dû se rendre à l'évidence: il serait incapable de rechausser les skis. Son nom a été retiré de la liste des membres de l'équipe nationale. «Il faut lui lever notre chapeau pour avoir vraiment essayé», a raconté Paul Kristofic, entraîneur-chef de l'équipe masculine, lors de la Coupe du monde de Lake Louise, la semaine dernière. «Mais à un moment donné, il devait en quelque sorte se demander: est-ce viable ou non de revenir? Il en est venu à cette conclusion par lui-même.»

Constat identique de Max Gartner, président de Canada alpin: «Les médecins ont tout essayé pour le remettre sur pied. C'est juste que son genou était vraiment détruit. Il n'a tout simplement pas un bon genou pour être dans ce sport. Il faut aussi penser à sa qualité de vie.»

Même Erik Guay ne s'attend pas à retrouver son frère cadet, qu'il jugeait plus talentueux que lui au même âge. «C'est sûr qu'il lui restait un autre niveau à atteindre, mais le ski était là, a souligné le meilleur super géantiste au monde l'hiver dernier. Stefan a toujours été fort. C'est ça qui est triste: on ne saura jamais.»

Pas si vite, a prévenu Stefan Guay, croisé deux jours plus tard au bas des pentes.

Résigné mais pas tout à fait, il est parti rejoindre son frère aîné Kristian en Utah le mois dernier. Privé de commanditaires et de subvention gouvernementale, il a accepté un poste d'entraîneur pour un club local à Snowbasin. Pour gagner sa vie et continuer à faire du ski, sans pousser la machine. «Ça a l'air que la poudreuse là-bas est écoeurante», a-t-il ajouté.

Avec ses jeunes, il a participé à un camp de deux semaines au Colorado. Le mal est réapparu. Il a enfin compris pourquoi: un examen a révélé une nouvelle déchirure du ligament croisé antérieur et d'un ménisque. Il devra se faire réopérer.

Découragé? Plutôt soulagé de comprendre pourquoi il avait si mal dans le gymnase l'été dernier.

Un grand espoir

Le skieur de Mont-Tremblant sait à quoi s'attendre. Il passera sous le bistouri pour la septième fois depuis ce terrible accident subi lors d'un entraînement de descente à la Coupe du monde de Val Gardena, le 13 décembre 2006. Sur le difficile passage des bosses du Chameau, il a été projeté beaucoup plus loin qu'anticipé.

Alors âgé de 20 ans, Guay débarquait à peine sur le circuit de la Coupe du monde. Il venait de gagner deux descentes Nor-Am à Lake Louise.

Plusieurs observateurs le considéraient alors comme le plus bel espoir du ski canadien. Aux Mondiaux juniors de 2005, il avait gagné le bronze en géant. Puis, en 2006, il avait remporté l'or en géant et le bronze en descente au Massif et au mont Sainte-Anne, du jamais vu pour un skieur d'ici. Il se dirigeait vers un autre podium en super-G quand il a enfourché une porte.

«On ne voit pas souvent des talents comme lui monter dans le système», souligne Max Gartner.

En géant, Guay avait battu le Suisse Carlo Janka et l'Autrichien Romed Baumann. Janka a gagné le grand globe de cristal l'hiver dernier. Baumann a fini troisième du super-G dimanche dernier à Lake Louise, son quatrième podium en Coupe du monde. «C'est dur de penser que je pourrais être là avec eux, mais c'est ça la vie d'un skieur», dit Guay.

Pense-t-il à sa qualité de vie future? «Déjà là, je sens que j'ai le genou d'un gars de 95 ans! admet-il. Le matin, j'ai mal et je ne peux pas monter les escaliers. Là, c'est normal, j'ai le genou déchiré. Mais j'espère que quand tout sera remis en place, je vais bien aller.»

Le ski est là, bien ancré. Un compétiteur-né, ajoute son père, Conrad. «Je pense que je ne vais jamais abandonner, que je vais toujours avoir le goût, conclut Stefan Guay. Ça fait quelques années que je n'ai pas skié. C'est sûr que ça va être dur de revenir. Mais tant que j'ai un petit espoir que mon genou va se rétablir...»