Erik Guay avait presque l'air d'un agent secret dans son veston, ses pantalons chics et cette mallette métallique à la main. À l'intérieur, rien de dangereux, plutôt un objet d'immense fierté, le globe de cristal décroché in extremis en mars dernier à Garmisch-Partenkirchen. Maintenant, le plus dur s'en vient: défendre avec succès ce titre de champion du classement du super-G.

Sent-il la pression? «Ce sera intéressant d'être dans cette position-là: le gars à battre», a répondu Guay, hier après-midi, à Laval, quelques heures avant la Rencontre au sommet Telus, gala annuel de Ski alpin Québec. «En réalité, je ne sais pas combien de pression j'aurai. Je ne sais pas comment je vais me sentir, mais j'ai hâte de voir»

Il a le temps de voir venir. La saison de vitesse s'ouvrira dans quatre semaines avec la présentation de la Coupe du monde de Lake Louise. Habitué à de lents départs, Guay tient à poursuivre sur sa lancée de la saison dernière, qu'il a conclue avec deux victoires et un podium. Si ce n'était que de lui, il bondirait du portillon demain matin.

«Je me suis entraîné comme un malade cet été, dit Guay, qui est passé de 88 à 91 kilogrammes. J'ai joué au hockey trois fois par semaine. J'ai travaillé fort à tous les jours. On dirait que j'étais plus motivé cette année. Honnêtement, je me sens pas mal mieux que l'an dernier à pareille date.»

Il l'échappe belle

Pourtant, tout aurait pu basculer vendredi dernier. À l'entraînement en prévision du slalom géant de Sölden, Guay a fait une spectaculaire chute, enfourchant une porte au moment il retrouvait l'équilibre. Il l'a échappé belle, s'en tirant avec des blessures au mollet et à une cheville. Il a pensé à son coéquipier John Kucera, victime d'une horrible fracture à un tibia l'hiver dernier, à Lake Louise. «J'aurais pu me casser une jambe ou me défaire un genou. J'ai été chanceux», a avoué le skieur de Mont-Tremblant, qui espère être complètement remis d'ici une semaine.

Premier Canadien à empocher un globe de cristal depuis Steve Podborski, en 1982, Guay a ciblé deux courses en 2011: la descente et le super-G des Mondiaux de Garmisch, en février. «J'aimerais vraiment que les deux disciplines fonctionnent bien cette année», a dit l'athlète de 29 ans.

Guay a renouvelé ses contrats de commandite avec Red Bull et Atomic. Signe des temps, en dépit de son nouveau statut, sa nouvelle entente avec Atomic est moins généreuse que l'an dernier. «Il y a des hauts et des bas dans l'industrie du ski, note-t-il. Et je dois dire que j'avais un très bon contrat avec Atomic dans le passé.»



Pas d'objectifs précis

Les dirigeants de l'équipe canadienne n'ont pas fixé d'objectifs précis pour cette saison, sinon d'égaler le nombre de victoires (quatre) et de podiums (huit) obtenus l'hiver dernier.

«Ça va beaucoup dépendre du retour des blessés comme François (Bourque), JP (Jean-Philippe Roy), Johnny (Kucera) et Jan (Hudec), a souligné Max Gartner, nouveau président de Canada Alpin. Mais on veut clairement gagner une médaille aux championnats du monde de Garmisch.»

Avec les Guay, Kucera, Manuel Osborne-Paradis et Robbie Dixon, l'équipe masculine de vitesse paraît la mieux placée pour y arriver. Mais les techniciens, menés entre autres par Mike Janyk, Roy et Julien Cousineau, n'ont jamais été aussi bien armés.

Auteur de deux top 10 en Coupe du monde et d'une huitième place aux Jeux olympiques de Vancouver, Cousineau visera la constance en 2010-11. «Mon but est d'éliminer les mauvaises performances et d'être constamment dans les 15 meilleurs», souhaite le slalomeur de 29 ans, qui lancera sa saison dans deux semaines à Levi, en Finlande.

Avec la retraite d'Emily Brydon et Geneviève Simard, l'équipe féminine est en pleine phase de reconstruction, reconnaît Max Gartner. «On a une jeune équipe technique qui grimpe les échelons, relève le président. Anna Goodman a réussi un top 10 avant de se blesser la saison dernière. Qui sait ce qu'elle peut faire cette année.»

Six mois après une opération à un genou, Goodman, 24 ans, dit avoir retrouvé ses bonnes sensations très rapidement. «Ça ne m'a pas pris trop de temps pour revenir, a dit la slalomeuse de Pointe-Claire, 12e aux derniers Mondiaux de Val d'Isère. Je m'en vais à Levi aussi confiante que je l'étais l'an dernier.»

Photo: André Pichette, La Presse

L'équipe féminine canadienne de ski alpin est en pleine phase de reconstruction. De gauche à droite: Marie-Pier Préfontaine, Britanny Phelan, Ève Routhier et Anna Goodman.