Aussi frustrants furent les Jeux olympiques pour Erik Guay, il a laissé deux traces bien nettes dans la neige granulée de Whistler. Un: il était le véritable chef de file de l'équipe canadienne de ski. Deux: ce n'était qu'une question de temps avant qu'on ne le revoit sur un podium. Guay en a fait une démonstration éloquente en remportant le super-G de la Coupe du monde de Kvitfjell, en Norvège, dimanche.

«Ça fait vraiment du bien», a réagi Guay lors d'une conférence téléphonique en fin de journée.

Le skieur de 28 ans obtient ainsi un premier succès en super-G après trois podiums. Son seul autre triomphe en Coupe du monde remontait à la descente de Garmisch-Partenkirchen, il y a déjà plus de trois ans.

Cette importante victoire survient moins de deux semaines après son rendez-vous manqué aux JO de Vancouver. Guay avait fini deux fois cinquième, en descente et en super-G, ratant le podium par respectivement 24 et trois centièmes de seconde.

Le skieur de Mont-Tremblant n'a pas manqué de se le faire rappeler après la course en Norvège. «Oui, je vois ça un peu comme une façon de me racheter, a-t-il dit. Mais je n'oublierai pas les Jeux olympiques de sitôt parce que je suis passé si proche et que ça a été un peu crève-coeur. En même temps, ça fait du bien de retourner sur la plus haute marche du podium. Ça fait tellement longtemps. Je suis juste content d'y être et je savoure le moment.»

Malheureux abonné aux quatrièmes et cinquièmes positions depuis le début de sa carrière, Guay a, cette fois, réussi à devancer l'Autrichien Hannes Reichelt par deux centièmes. Le Norvégien Aksel Lund Svindal et le Suisse Tobias Gruenenfelder se sont partagé la troisième marche du podium, à 31 centièmes du gagnant.

Premier à s'élancer, Reichelt a établi le chrono de référence de 1:31.97. Ce temps a tenu jusqu'à ce que Guay, dossard 18, ne franchisse les 2574 mètres de la piste Olympiabakken.

Ironiquement, le Québécois ne croyait pas s'être illustré avant de voir le «1» affiché sur le tableau indicateur. Trop d'erreurs, a-t-il pensé en descendant. Or, sans le savoir, il avait plutôt trouvé le juste équilibre entre technique appliquée et prise de risques.

«Je ne pensais vraiment pas que j'avais une descente gagnante, a-t-il expliqué. Je sentais que je faisais de petites erreurs, mais ça me poussait plus qu'autre chose. Dans ma tête, je me disais: ah non, il faut que je fasse du rattrapage. Je prenais donc encore plus de risques.»

Manifestement, Guay s'est débarrassé d'un lourd fardeau à Whistler même s'il n'a pas décroché la médaille tant espérée. Troisième et deuxième des entraînements de descente à Kvitfjell, il s'est classé neuvième en course samedi, son meilleur résultat de la saison dans cette discipline.

«C'est sûr qu'après les Jeux olympiques, il y avait pas mal moins de stress, moins de médias, moins d'attention, a-t-il dit. J'ai peut-être pu me concentrer un peu mieux. Mais j'ai pris la chance, j'ai osé beaucoup et ça a payé.»

La victoire de Guay n'a pas été obtenue au rabais et ne peut être attribuée à un quelconque relâchement post-olympique. À l'exception de l'Américain Bode Miller, triple médaillé à Whistler, tous les meilleurs étaient de la partie en Norvège. Quant à Reichelt, il n'avait pas été en mesure de se qualifier dans l'équipe olympique autrichienne, blanchie et humiliée aux JO.

Kvitfjell, théâtre des Jeux de Lillehammer de 1994, a souvent souri aux skieurs canadiens. Guay y avait fini deuxième de la descente en mars 2007. L'an dernier, Manuel Osborne-Paradis s'était imposé lors d'une descente historique alors que quatre Canadiens s'étaient classés parmi les 10 premiers. Dimanche, Osborne-Paradis a fini 11e tandis que l'Albertain Jan Hudec a pris le 17e rang.

Le dernier podium de Guay datait de décembre 2008 alors qu'il avait obtenu le troisième rang à la descente de Beaver Creek. Guay compte maintenant 11 podiums en Coupe du monde. Steve Podborski (20) et Ken Read (14) dominent le palmarès masculin canadien.

Mine de rien, Guay, avec 231 points, occupe désormais le troisième rang du classement du super-G cette saison. L'Autrichien Michael Walchhofer (300) et Svindal (254) mènent le bal avec une épreuve à faire.

Guay a déjà posé ses valises à Garmisch, en Allemagne, où se dérouleront les finales de la Coupe du monde, de mercredi à dimanche prochains: «Mon but est toujours le même. Je ne veux pas trop me vanter avec mes succès et continuer à travailler pour m'améliorer. Mais après trois ans, c'est sûr que ça fait vraiment du bien d'être au top du podium.»