Le patron de la vitesse, c'est Didier Cuche: le Suisse a remporté samedi la descente de Kitzbühel, la plus prestigieuse de la Coupe du monde de ski alpin, 24 heures après avoir gagné le super-G sur la Streif.

Cela vous pose un champion, d'autant que le Jurassien a rejoint les Autrichiens Hermann Maier et Stefan Eberharter, auteurs du doublé respectivement en 2001 et en 2002.

D'ailleurs, Cuche a avoué avoir visionné «une bonne vingtaine de fois» sur la toile la descente d'Eberharter, que les historiens estiment la plus aboutie dans l'histoire du Hahnenkam.

«Je crois que c'est le plus beau week-end de ma carrière», a souligné le champion du monde de super-G, qui a devancé le Slovène Andrej Sporn, pour son premier podium en Coupe du monde, et l'Italien Werner Heel, de 28 et 39/100es.

Premier Autrichien, Mario Scheiber a terminé au pied du podium, à 51/100es.

Un amour de piste

Le Suisse a évoqué «le lien fort» qui l'unissait à la Streif, la piste de son 1er succès en Coupe du monde, en janvier 1998, à l'issue des deux manches d'une descente sprint. «Cela avait été ma première renaissance, après ma double fracture tibia-péroné de l'automne 1996».

Dix ans plus tard, Cuche s'était encore imposé dans la Mecque du ski alpin, mais depuis un départ légèrement abaissé. «Cette fois, je gagne d'en haut», a-t-il soufflé, comme libéré d'un fardeau.

«Non, ma victoire de la veille en super-G n'a pas ajouté de pression. J'étais au contraire relâché, même si la chute de Michael Walchhofer a jeté un froid», a reconnu le Suisse, qui avait connu un passage à vide après s'être fracturé une côte à Val d'Isère à la mi-décembre.

S'il avait construit son succès en super-G en tenant une ligne haute sur la traverse introduisant dans le schuss final, Cuche a bâti son succès en descente sur la régularité.

Sporn et Heel, le plus performant dans le dernier tiers, ont ainsi été meilleurs que lui sur des sections. Mais ils ont aussi commis plus de petites fautes, Heel ayant laissé filer une possible victoire par une erreur au bas de la Mausefalle (souricière).

Respect

À 35 ans, Cuche inspire l'admiration et le respect. «C'est un grand sportif, qui vous donne toujours des conseils quand vous le sollicitez», a remarqué Heel, son cadet de 8 ans.

Sporn, 28 ans, est venu relativement tard à la descente, une discipline à laquelle son physique avantageux (1,87 m/92 kg) le prédisposait. «J'étais un slalomeur au départ, mais des blessures et des douleurs dorsales m'ont obligé à changer de discipline».

Pays de slalomeurs, la Slovénie possède désormais un 2e skieur capable de rivaliser avec les meilleurs dans la pente, aux côtés d'Andrej Jerman, déjà vainqueur à Garmisch-Partenkirchen, en 2007, et Bormio, le mois dernier.

«On est amis et c'est bien d'être deux pour se motiver», a souligné le skieur de Kranjska Gora.

Onzième à 1 sec 25, le jeune Suisse Carlo Janka a porté à 50 points son avance au général sur l'Autrichien Benjamin Raich. Mais, avec un slalom dominical et un combiné à l'ancienne (addition des temps de la descente et des deux manches entre les piquets serrés), le Tyrolien a deux occasions de repasser devant dimanche.

Cuche s'alignera en slalom, dans le but de grappiller des points en combiné. Car, à 67 points de Janka, le Romand s'est replacé dans la course au grand globe de cristal.

Il s'est aussi désigné comme la cible aux JO imminents.