À l'aube des Championnats du monde de Val d'Isère, qui s'ouvrent aujourd'hui, Geneviève Simard est revenu sur un hiver «rock-and-roll», marqué par des résultats décevants, des remises en question et un accrochage avec ses entraîneurs. Secouée, la skieuse de Val-Morin en est néanmoins ressortie avec une conviction : elle adore toujours son sport.

Le genou opéré, ça va. Le ski et la technique, aussi. Mais la confiance et le moral, envolés, disparus. Geneviève Simard ne se reconnaissait plus. La personne souriante et enjouée avait cédé la place à une athlète frustrée et rongée par le doute. «À un moment donné, j'ai pensé tout sacrer là. J'ai appelé ma mère et je lui ai dit: c'est assez!»

 

Le ton est serein, mais on sent que la secousse est récente. La semaine dernière, Simard a fait un détour imprévu au Québec avant les Mondiaux de Val d'Isère, qui s'ouvrent aujourd'hui. Au milieu d'un hiver difficile, elle avait besoin de se ressourcer auprès des siens et de retrouver ses affaires dans sa maison de Val-Morin. Avant de repartir pour l'Europe, hier soir, elle a accordé une entrevue à La Presse dans un café de Notre-Dame-de-Grâce.

Simard a touché le fond au début janvier. Au lendemain d'une autre performance décevante à la Coupe du monde de Maribor, en Slovénie, les skieuses de l'équipe technique féminine ont été réunies dans une salle par les entraîneurs. Elles se sont fait savonner une à une, devant tout le monde.

Simard n'a pas apprécié. À 28 ans, elle revient d'une délicate opération à un genou qui lui a fait rater toute la dernière saison. Pour fouetter les troupes, elle a déjà vu mieux.

«Je comprends la position des coachs, précise-t-elle. Il faut qu'on ait des résultats. On fait partie de l'équipe de Coupe du monde, c'est notre rôle. Mais j'ai été offusquée de la façon dont ils s'y sont pris. À mes yeux, ce n'était pas une façon constructive de nous motiver. Si ça se trouve, ça m'a peut-être plus descendue que remontée.»

Simard a fait valoir ce point de vue à son entraîneur Jim Pollock... et dans la chronique qu'elle tient sur rds.ca. L'histoire a été traduite dans les bureaux de Canada Alpin, à Calgary, avant de rebondir en Europe. Simard ne prévoyait pas un tel impact. Elle a dû s'expliquer avec Patrick Riml, directeur de l'équipe féminine.

«J'ai été surprise. Je ne pensais pas qu'ils liraient ça. Ils n'ont peut-être pas apprécié que ça se retrouve sur le web. Mais ce n'était qu'une opinion parmi d'autres. J'ai été honnête. Ce n'était pas pour envoyer un message.»

En revanche, Simard a bel et bien reçu comme un message la décision de ses entraîneurs de tenir une qualification interne pour le dernier slalom géant de Cortina d'Ampezzo, le 25 janvier. Le Canada ne disposait que de deux dossards pour trois coureuses: Simard et les recrues Marie-Michèle Gagnon et Marie-Pier Préfontaine. «J'essayais de ne pas prendre ça personnel, mais c'est comme si on ne croyait pas en moi», dit l'auteure de cinq podiums en Coupe du monde, dont une victoire à Cortina en 2004. Déjà qu'un entraîneur lui avait demandé si elle avait peur en piste...

Simard croyait mériter une place d'office en vertu de sa 15e place à Semmering, fin décembre, jusque-là la meilleure performance canadienne en géant en deux ans. Les entraîneurs en ont jugé autrement. Simard venait de connaître deux semaines difficiles en Coupe d'Europe et dans des épreuves FIS. Profitant d'une pause dans le calendrier de la Coupe du monde, elle s'était rabattue sur ces circuits de développement pour retrouver ses repères.

Elle ignorait que son sort dépendait de ses résultats. «Je n'ai pas la même approche lors de ces courses, explique-t-elle. Ça ne m'allume pas autant. À la limite, la Coupe du monde, c'est seulement là que ça «compte», où c'est important pour mes contrats et mes commanditaires.»

Une qualification a néanmoins été décrétée. «Ça me fâchait. Je trouvais la décision illogique et dernière minute», dit Simard, qui croyait bénéficier de quelques journées de congé après des traitements à son genou.

Elle s'est qualifiée de justesse, terminant deuxième derrière Gagnon. Deux jours plus tard, les deux Québécoises ont enfin pu faire sourire leurs coachs. À son cinquième départ en Coupe du monde, Gagnon, 19 ans, s'est classée neuvième, réalisant le deuxième temps de la manche ultime. Simard a pour sa part fini 16e grâce au sixième chrono de la deuxième manche.

Le résultat est encourageant, mais Simard vise plus haut. Elle veut redevenir la fille qui se battait pour des podiums il y a trois ou quatre ans. Au creux de la vague, Simard a rappelé la psychologue sportive Dana Sinclair, une amie de longue date qui travaillait avec l'équipe à l'époque de Mélanie Turgeon. «Avant, l'aspect mental, ça me venait plus naturellement, relève Simard. J'avais moins de problèmes en ski. Là, c'était moins facile. J'avais vraiment besoin d'aide, d'être plus guidée.»

Les conseils de Mme Sinclair, qui travaille pour les Maple Leafs et les Raptors de Toronto, ont été très utiles lors de l'épisode des qualifications. Simard s'est aussi rappelé une chose fondamentale qui n'avait pas changé. Le ski, le sport, elle adore. «Même si une course me rendait triste, je pouvais me lever le lendemain, mettre le iPod sur mes oreilles, et partir en ski libre explorer une montagne...» Elle devra se le rappeler, le 12 février, avant de s'élancer pour le slalom géant des championnats du monde.

 

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CHAMPIONNATS DU MONDE DE SKI ALPIN

VAL D'ISÈRE, FRANCE

3 février > super-G femmes

4 février > super-G hommes

6 février > super combiné femmes

7 février > descente hommes

8 février > descente femmes

9 février > super combiné hommes

11 février > équipes femmes et hommes

12 février > slalom Géant femmes

13 février > slalom Géant hommes

14 février > slalom femmes

15 février > slalom hommes

QUÉBÉCOIS À SURVEILLER

Brigitte Acton, Julien Cousineau, Marie-Michèle Gagnon, Anna Goodman, Erik Guay, Marie-Pier Préfontaine, Jean-Philippe Roy et Geneviève Simard.