Après deux saisons mitigées, l'Autriche cherche à se relancer en Coupe du monde, qui démarre ce week-end à Sölden, même si le pays où le ski alpin a presque valeur de religion ne dispose plus de l'armada d'antan.

Les rouge-blanc-rouge ne monopolisent plus ostensiblement les podiums, comme dans les années 1990 et début 2000, où un Hermann Maier cachait un Fritz Ströbl, une Renate Götschl s'effaçait devant une Alexandra Meissnitzer ou une Michaela Dorfmeister.

Encore première au classement des nations, l'Autriche s'est contentée l'an passé de deux «petits» globes (en super-G avec Hannes Reichelt et en slalom avec Marlies Schild) et de deux 2e places aux classements généraux avec Benjamin Raich et Nicole Hosp. Tous deux anciens vainqueurs du «grand» globe, un Graal que les dirigeants de la fédération (ÖSV) aspirent à voir revenir rapidement dans leurs vitrines à Innsbruck.

Illustration de cette baisse de densité au plus haut niveau: l'ÖSV a réduit son nombre de groupes d'entraînement de quatre à trois pour les hommes et de trois à deux chez les femmes.

Pis, les Autrichiens ont eu le plus grand mal à gagner chez eux. En 2008, seul Mario Matt a remporté une épreuve de Coupe du monde devant son public, le slalom nocturne de Schladming. A Kitzbühel, véritable Mecque locale du flocon, aucun Autrichien n'a fait le signe de victoire depuis 2006.

Et à Sölden, où deux géants seront disputés ce week-end, la disette dure depuis 2005 chez les hommes (Hermann Maier) et 2002 chez les femmes (Nicole Hosp).

Benjamin Raich, le seul

Entre un Hermann Maier vieillissant et une nouvelle génération pas encore arrivée à maturité, l'Autriche reste sur sa faim et regarde avec nostalgie son passé doré.

Confrontés à une période de vaches maigres, les supporteurs locaux se sont même passionnés l'hiver dernier pour le saut à skis, une discipline où aucun autrichien n'avait remporté la Coupe du monde depuis 1996.

Le duel aérien entre les deux jeunes prodiges Thomas Morgenstern et Gregor Schlierenzauer, remporté par le premier, a fait vibrer les foules, sevrées d'équipe de football et de champions de premier plan, à part quelques brillants nageurs et pongistes.

Aussi, les responsables de l'ÖSV ne fanfaronnent pas à l'orée de la nouvelle saison. «Nous voulons bien sûr gagner la Coupe du monde. Mais mous ne devons pas nous bercer d'illusions, a déclaré cette semaine l'entraîneur de l'équipe masculine Toni Giger. Raich est le seul Autrichien que l'on peut mettre parmi les favoris absolus».

Le même Toni Giger avoue qu'avec les autres coureurs, l'ÖSV prépare surtout les victoires de... demain. Ainsi, le slalomeur Marcel Hirscher, 19 ans, fait notamment partie des talents prometteurs en vue des jeux Olympiques de 2010 à Vancouver (Canada).

Chez les dames, Nicole Hosp, vainqueur en 2007 et 2e en 2008, et Elisabeth Görgl, 4e en 2008, porteront néanmoins de raisonnables espoirs pour le classement général.

Dès ce week-end, l'Autriche tentera de retrouver son ski sur le cirque blanc. Pour que le bon mot des supporteurs de foot allemands, «le football n'est pas un sport d'hiver», ait encore de quoi mettre du baume au coeur aux fans rouge-blanc-rouge.