Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Olivier Rochon est un très bon acteur.

Le sauteur québécois a subi une élongation au ligament croisé postérieur du genou droit en chutant lors d'un camp d'entraînement au Japon, huit jours avant les Jeux olympiques de PyeongChang, l'hiver dernier. C'est ce qu'a appris le spécialiste des sauts de 28 ans à La Presse canadienne, jeudi.

«C'était une élongation de grade 1, donc ce n'était pas sévère, mais j'avais de la douleur lorsque je devais placer mes genoux droits, notamment au départ d'un saut», a expliqué Rochon, en précisant qu'une telle blessure prend habituellement de deux à trois semaines à guérir complètement.

En raison de cette blessure - qui n'a pas nécessité d'intervention chirurgicale -, le vétéran de l'équipe de ski acrobatique canadienne s'est retrouvé devant un choix déchirant: ou bien il continuait à s'entraîner, en risquant d'aggraver sa blessure, ou bien il se reposait jusqu'à son épreuve.

«J'ai opté pour le repos complet, et ç'a été la bonne décision. Quand je suis arrivé aux Jeux, j'avais des bandages pratiquement de la hanche jusqu'à la cheville pour stabiliser mon genou. Ç'a été une bataille avec la douleur pendant tous les Jeux, mais je suis super content parce que j'ai atteint les objectifs que je voulais», a confié celui qui a terminé cinquième de son épreuve à PyeongChang.

Avec le recul, le Gatinois a indiqué que ses nombreux antécédents en matière de blessures l'avaient aidé à surmonter cette épreuve. Il avait notamment dû mettre un terme à sa saison en 2016 après avoir subi une grave fracture du plancher orbital, soit les petits os placés derrière l'orbite et qui tiennent l'oeil en place, après avoir reçu son genou en plein visage à l'atterrissage d'un saut à Deer Valley.

«Ce n'est pas la première fois que je me retrouve acculé au pied du mur, a-t-il souligné. Évidemment, toutes mes blessures m'ont servi cette fois-ci, car je connais très bien mon corps, et je l'écoute. (...) Je sais que si je saute en dépit de la douleur à l'entraînement, alors ça devient du travail inutile. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de ne pas sauter et de me préserver pour les Jeux.»

Rochon a aussi indiqué qu'il avait traîné d'autres blessures pendant la majeure partie de la dernière campagne.

«J'ai d'abord cassé ma botte à l'atterrissage d'un saut en Chine - c'est la première fois de ma carrière que ça m'arrivait -, entraînant une blessure à ma cheville droite, et ensuite à Moscou, j'ai perdu l'équilibre dans la zone d'arrivée et je suis entré de plein fouet dans les barrières de sécurité, entraînant une blessure à la cheville gauche.

«J'avais les deux chevilles amochées, mais comme c'était une année olympique j'ai continué malgré la douleur», a-t-il résumé.

Rochon compte maintenant s'accorder une période de repos «bien méritée», avant de reprendre progressivement l'entraînement en gymnase au courant de l'été. Il entend par la suite peaufiner son fameux triple salchow arrière avec quatre vrilles, un saut qui avait permis à Warren Shouldice de décrocher la médaille d'or aux Mondiaux de 2011.

«À cause de mes blessures, nous n'avons pas pu le pratiquer autant que j'aurais voulu la saison dernière, mais c'est certain que je vais vouloir le peaufiner au cours des prochaines années. Il va probablement me falloir quatre autres années pour le maîtriser aussi bien que Warren Shouldice, et donc je ne planifie pas d'apprendre de nouveaux sauts entre-temps.»

Quant à savoir s'il espère toujours ajouter son nom à ceux des légendaires Philippe Laroche et Lloyd Langlois à titre de seuls médaillés olympiques québécois en sauts, Rochon demeure modeste.

«Je préfère mettre ça dans une perspective plus globale, me concentrer sur ma progression après avoir raté Vancouver en 2010 et Sotchi en 2014. Nous verrons où j'en serai aux Jeux de Pékin en 2022», a-t-il conclu.