Il serait facile pour les soeurs Dufour-Lapointe, compte tenu du succès qu'elles ont obtenu en ski acrobatique au cours des dernières années, de regarder très loin devant. Après tout, quand les podiums olympiques et aux Mondiaux s'accumulent, la saison de Coupes du monde peut paraître triviale. Ce serait bien mal connaître Maxime, Chloé et Justine.

À la veille de la nouvelle saison de la Coupe du monde - qui se mettra en branle samedi, à Ruka, en Finlande - les «3DL» ont redoublé d'ardeur pour être fin prêtes pour le calendrier 2016-17, qui culminera par les Championnats du monde, présentée dans la Sierra Nevada espagnole, en mars.

Qui plus est, cette saison marquera également le début du très long, éreintant et complexe processus de qualifications en vue des Jeux olympiques de Pyeongchang, en 2018. Si les trois soeurs pensent évidemment à la Corée du Sud, elles ont les yeux rivés bien moins loin: seulement sur la prochaine étape.

«J'y vais toujours une étape à la fois. En fait, c'est une descente à la fois, une journée à la fois, un déjeuner à la fois!, raconte Justine, médaillée d'or à Sotchi et championne du monde en titre. Ça m'aide à me calmer de découper les choses comme ça. La veille d'une compétition, je me concentre simplement sur m'endormir!»

«L'objectif est déjà fixé depuis quelques années; maintenant, il faut gérer la saison, explique quant à elle Chloé, détentrice du globe de cristal, médaillée d'argent à Sotchi et championne du monde des bosses en parallèle en 2013. Tout ce qui touche aux JO, on se prépare pour ça. Mais de ne me préparer que pour la qualification, ce serait de m'imposer un stress inutile. Je pense davantage à ce que je veux faire en compétition et où je veux être à la fin de l'année. Je pense qu'en faisant ça, je vais arriver au point où je veux être.»

«C'est clair que pour moi, les JO, c'est loin, mais en même temps, je sais que c'est proche, parce que je sais que la préparation peut être faite, même si je ne pense pas à l'objectif à tous les jours, ajoute Justine. Je pense davantage à la façon dont je peux me préparer.»

En fait, si les Jeux se retrouvent en toile de fond, ce sont les Championnats du monde, qui occupent l'avant-scène. Leur présentation complique un peu la tâche des athlètes cette saison, puisqu'elle forcera la tenue d'un calendrier serré.

«Ça fait longtemps qu'on sait que la saison va être longue et qu'on doit être au sommet de notre forme en mars», note Maxime, qui a terminé parmi les huit premières des trois dernières campagnes en Coupe du monde et au pied du podium aux derniers Mondiaux.

«Le plus difficile des Mondiaux, c'est que ce sera la dernière compétition, croit quant à elle Chloé. Je devrai bien gérer mon énergie tout au long de la saison. (...) Ce sera difficile cette année: nous avons une période de deux mois où à chaque semaine, nous serons en compétition. Ça va être difficile physiquement, notamment en raison du voyagement. On fait tout ce qui est en notre pouvoir pour être le plus performante possible.»

«Ça va être une saison très exigeante physiquement et mentalement, avec le décalage horaire, la fatigue. Ça va être très complexe, renchérit Justine. Ça va prendre beaucoup d'expérience pour passer au travers et terminer ça en force. Je compte prendre soin de moi tout au long de la saison, travailler sur la récupération. Ça va être ça le défi pour garder l'énergie au top jusqu'à la fin.»

Vive compétition

Au sein même de l'équipe canadienne - qui comprend également Audrey Robichaud, Alex-Anne Gagnon et Andi Naude - la compétition sera vive, non seulement pour se tailler une place une place pour Pyeongchang, mais aussi pour atteindre les finales des Coupes du monde cette saison. Qu'en est-il au sein de la famille, alors que de façon réaliste, les trois soeurs peuvent aspirer à la victoire à chaque course?

«C'est un sport individuel. Tout ce que je peux contrôler, c'est ma performance, précise Justine. Si Chloé skie bien une journée et qu'elle gagne, je ne peux pas lui en vouloir pour ça, même si je souhaite de tout coeur la victoire. J'aime trop mes soeurs pour leur en vouloir. J'aime mieux m'en inspirer de mes soeurs en fait. (...) Je pense que je suis une meilleure athlète aujourd'hui à cause d'elles.

«Si on peut dominer les trois et être les trois sur le podium, ça ne me dérange pas du tout qui sera première, deuxième ou troisième.»