Mikaël Kingsbury trépigne d'impatience à l'aube de la prochaine saison de bosses sur le circuit de la Coupe du monde. Ses adversaires sont mieux d'être prêts: le skieur de Deux-Montagnes promet d'en mettre encore plein la vue.

Sans détour, l'athlète de 24 ans affiche rapidement ses couleurs: il ne vise rien de moins qu'un sixième globe de cristal consécutif. Mais il ne compte pas s'arrêter là.

«Jamais personne n'a réussi un doublé (bosses et bosses en parallèle) aux Mondiaux, a-t-il expliqué à La Presse canadienne. Aux derniers (à Kreichsberg, en Autriche), je suis passé vraiment proche, même avec une erreur - que je ne fais pas souvent ! Malgré cette erreur, j'ai terminé deuxième (des bosses). Je suis confiant de pouvoir réaliser l'exploit.»

Kingsbury, déjà le recordman de la Coupe du monde pour le nombre de victoires en carrière, compte donc écrire une - nouvelle - page d'histoire sur les pentes de la Sierra Nevada espagnole, en mars prochain.

«Ce qui rend les choses plus difficiles dans de grands événements comme les JO ou les Mondiaux, c'est que tout le monde souhaite sortir un lapin de son chapeau pour l'emporter. Mais je suis confiant: c'est une piste que je connais quand même bien et où j'ai offert de bonnes performances.

«À part la médaille d'or olympique, c'est la seule marque qu'il me manque. Je suis le seul à avoir gagné en simple et en duel. Mais là, ce serait «cool» de gagner deux courses, deux jours d'affilée.»

Cool. C'est possiblement le mot qui décrit le mieux Kingsbury. Que ce soit pendant une entrevue téléphonique ou à quelques minutes d'une descente de qualification olympique, le «King des bosses» semble toujours en contrôle. C'est le cas depuis le début de sa carrière. Il a pris part jusqu'ici à 69 courses en Coupe du monde. Il a été exclu du podium seulement 15 fois. Il a terminé sur la plus haute marche du podium en 33 occasions, soit près d'une course sur deux. S'il n'entend pas ralentir la cadence, il ne vise pas nécessairement la victoire à tout prix.

«Pour moi, ce n'est pas nécessairement de gagner toutes les courses qui compte. Au point où je suis rendu, j'ai juste besoin de bien skier et ça devrait faire l'affaire. J'ai travaillé plusieurs points en ski cet été. Si je fais les descentes que je suis capable de faire, si je skie à mon meilleur, je me mettrai en bonne position pour gagner chaque jour. C'est un peu ça l'objectif: cette année, je veux arriver aux Mondiaux au sommet de ma forme.»

Cette forme, il l'a travaillée sur les pentes tout au long de l'été: deux mois à Whistler, un mois en Australie, puis un autre en Suisse, en compagnie de ses coéquipiers de l'équipe canadienne, Philippe Marquis, Marc-Antoine Gagnon et Simon Pouliot-Cavanagh - ses principaux compétiteurs selon lui, en compagnie du Français Benjamin Cavet et de l'Australien Matt Graham. «Mais il peut toujours y avoir des surprises, note-t-il. Le top-10 mondial a toujours été fort et il le sera toujours. Je ne peux pas m'asseoir sur mes lauriers. Je m'entraîne fort et j'ai confiance en mes moyens.»

«Confiné» en gymnase depuis quelques semaines, il s'apprête à quitter pour la Finlande, à la fin du mois, où l'équipe nationale prendra part à un dernier camp d'entraînement avant que ne soit lancée la saison à Ruka, le 10 décembre. Avant les Mondiaux, Kingsbury et ses coéquipiers disputeront 11 courses - huit de bosses, trois de bosses en parallèle - réparties sur huit étapes, dont celle de Val Saint-Côme, le 21 janvier.

Comme si son arsenal n'était pas suffisant, Kingsbury a développé un nouveau saut sur les pentes: un «cork 1440», soit un périlleux arrière ponctué de quatre vrilles désaxées. Il a mis en ligne une vidéo sur son compte Twitter (↋MikaelKingsbury) et le résultat est plutôt impressionnant.

«Je le fais depuis longtemps sur la rampe d'eau et je suis le premier - à ma connaissance - à le faire en descente complète. Si je vais l'utiliser, je ne le sais pas. Je sais que je suis encore capable de gagner avec les sauts que je fais présentement. Je vais peut-être attendre à un moment précis: si je suis en train de mener à la Coupe du monde ou si je sens que j'en ai besoin pour gagner. Ce n'est pas ma priorité de le faire en compétition cette année, mais c'est bon de l'avoir dans ma poche arrière: je peux jouer dans la tête des autres skieurs et s'ils sortent quelque chose de gros, je sais que je peux le sortir.»

Peut-être pour les Jeux de Pyeongchang, dont le processus de qualification se met en branle avec le début de la saison?

«Les Jeux sont encore trop loin pour en parler. De toute façon, que ce soit en Finlande (dans quelques semaines), aux Championnats du monde ou aux Jeux olympiques, je veux toujours gagner. Je les prends toutes (les courses) au sérieux. Je veux y aller une à la fois, demeurer en santé et travailler sur les aspects qui demandent des améliorations. Après, quand j'arriverai aux Jeux, je mettrai toute ma concentration là-dessus. En attendant, je ne veux pas trop y penser, même si je sais que je risque d'être une des têtes d'affiche. J'ai hâte!»

Parions toutefois que ses adversaires souhaiteraient qu'il ait la tête ailleurs de temps à autre.