Cinq mois après avoir subi une troisième reconstruction du genou gauche, Kaya Turski est de retour aux X Games, une compétition où elle est considérée comme la reine du slopestyle. La Montréalaise a obtenu une étonnante troisième place, la semaine dernière au US Grand Prix, ce qui a confirmé sa sélection olympique.

À Aspen, elle entend poursuivre avec éclat son parcours vers les Jeux de Sotchi. «Au fond, il s'agit de garder cette confiance en moi voulant que, quoi qu'il arrive, peu importe où le vent me pousse, je vais m'en sortir, a dit Kaya, mercredi, en entrevue. Je vais peut-être tomber, mais je vais toujours me relever, toujours trouver ma voie. Je dois sûrement beaucoup de cette confiance à ma grand-mère...»

Turski n'a que 25 ans, mais elle est de ces gens dont on dit qu'ils ont une «vieille âme». Et une partie de cette âme lui vient de Barbara Lorenc, sa grand-mère de 91 ans. Cette ancienne championne de ski en Pologne a quitté mari et pays après la guerre pour offrir à ses deux fils la chance d'avoir une meilleure vie en Amérique. George, père de Kaya, est aujourd'hui professeur au cégep Dawson et Mme Lorenc vit seule dans un condo de Montréal.

«Elle est sûrement la personne la plus têtue et déterminée que je connais, raconte Kaya. Elle est une grande source d'inspiration pour moi et m'a toujours encouragée à poursuivre mes rêves. Au cours des derniers mois, elle m'a souvent dit que l'idée de me voir à Sotchi était l'une des choses qui l'aidaient à rester en vie.»

Une intervention expérimentale

Turski reconnaît par ailleurs qu'elle a eu besoin de toute la détermination familiale pour passer à travers des doutes et des souffrances ces derniers mois. «Les premières semaines après l'opération ont été les plus dures», explique celle qui a subi une intervention expérimentale pendant laquelle un ligament synthétique a été combiné à des tissus humains.

«J'avais déjà subi deux interventions normales et je savais qu'une troisième me ferait rater les Jeux, a expliqué la skieuse. J'ai donc opté pour un autre scénario et nous avons établi un plan de réadaptation très agressif. Jusqu'ici, nous l'avons suivi à la lettre.»

Une vaste équipe de spécialistes provenant de partout au Canada s'est mobilisée autour de Turski et son improbable course contre la montre pour recouvrer la santé a suscité l'intérêt de tous les médias du pays. Le thérapeute de l'équipe canadienne de ski acrobatique a confirmé hier que Turski était pratiquement revenue à 100% de sa forme physique.

«Tout se passe comme je l'avais espéré, a reconnu l'athlète. J'ai la chance, si on peut dire, d'avoir déjà vécu la même chose à deux reprises. Les gens avec lesquels je travaille me connaissent bien. Ils connaissent mon corps et savent ce que je peux endurer. Le reste, c'est dans ma tête que ça se passe.»

Réputée pour sa créativité sur les pentes, Turski est également une artiste dans la vie. «Ça m'a beaucoup aidée au cours des derniers mois. Chaque fois que j'en avais l'occasion, je tricotais ou bricolais de petites choses. J'ai fait beaucoup de méditation aussi.»

Cette semaine, Turski porte au cou un capteur de rêves d'inspiration autochtone. Question sans doute de chasser les mauvais esprits, de l'aider aussi à réaliser ses rêves olympiques... et ceux de sa grand-mère.

PHOTO JEAN-PIERRE CLATOT, AFP

Kaya Turski a retrouvé presque toute sa forme physique, selon le thérapeute de l'équipe nationale de ski.

Kaya Turski en bref

> Née à Montréal le 3 mai 1988 (25 ans)

> Parle l'anglais, le français et le polonais

> Ski acrobatique, slopestyle

> Championne du monde en 2013 à Voss, en Norvège

> Sept médailles d'or aux X Games, sept victoires sur le Dew Tour

> A découvert le ski acrobatique en 2006 après avoir pratiqué le patin à roues alignées.