Il y a souvent derrière les grands champions des parents dévoués. Et quand ces champions sont encore des adolescents, le rôle des parents, surtout des mères, reste essentiel.

Le Québec se découvre cette saison deux nouveaux champions de ski acrobatique en bosses: Justine Dufour-Lapointe, 16 ans, et Mikaël Kingsbury, 18 ans. Les deux ont remporté des épreuves de la Coupe du monde cette saison et sont parmi les meneurs des classements féminins et masculins.

Débordants d'énergie et de joie de vivre, les deux skieurs ont la chance d'être appuyés dans l'ombre par des parents remarquables. Johanne Dufour et Julie Thibaudeau ont chacune trois enfants qui pratiquent le ski acrobatique. Maxime, Chloé et Justine Dufour-Lapointe sont toutes membres de l'équipe canadienne. Mikaël Kingsbury est aussi membre de l'équipe, mais son frère aîné Maxime a fait partie de l'équipe du Québec et sa soeur Audrey est actuellement de l'équipe provinciale de développement.

«Le jour où tu les inscris à des cours de ski, tu mets le doigt dans l'engrenage... reconnaît Mme Thibaudeau. Cela coûte évidemment assez cher, avec l'équipement, les déplacements, les entraînements, mais je préfère de loin voir mes enfants vivre leur passion de cette façon.»

«Chez nous, nous avons vite averti les filles que nous les appuierions dans la pratique du ski tant qu'elles poursuivraient avec succès leurs études, explique pour sa part Mme Dufour. Le sport est une merveilleuse école de vie et elles y ont acquis une belle éthique de travail.

«Financièrement, c'est plus facile depuis l'arrivée d'un commanditaire important, Saputo, mais nous avons connu ça, les tournois de golf et les soupers spaghetti. Ça nous arrive encore d'y participer pour aider l'équipe du Québec ou le développement de la relève.»

Julie Thibaudeau souligne d'ailleurs que les parents des skieurs forment «une grande famille» et qu'ils se retrouvent régulièrement dans les compétitions, partageant même parfois l'hébergement pour économiser un peu. «Nous vivons tous les mêmes choses et c'est important d'avoir des gens proches avec qui partager nos joies et nos angoisses.»

Gérer le stress

Voir son rejeton soumis à la pression des grandes compétitions internationales est une source terrible de stress. L'exemple tragique de Thérèse Rochette est encore frais aux mémoires.

De plus, le ski acrobatique n'est pas dépourvu de risques et les blessures, parfois sérieuses, sont fréquentes. «Je suis devenue plus zen avec les années, estime Johanne Dufour. Au début, c'était très stressant, mais j'ai appris à faire confiance à mes filles.

«Elles sont sérieuses, bien préparées, bien entourées au plan technique et pratiquent leurs mouvements depuis plusieurs années déjà. Je sais qu'elles ne prendraient pas de risques inutiles.»

Julie Thibaudeau reconnaît pour sa part qu'elle a encore de la difficulté à suivre en direct les exploits de son fils. «En duel, c'est encore plus difficile! Voir Mikaël en finale contre Alex (Bilodeau), c'était pas mal stressant.»

Dans la même compétition, le week-end dernier au mont Gabriel, Maxime et Chloé Dufour-Lapointe se sont retrouvées face à face en huitième de finale. «Ce n'était pas la première fois que ça arrivait et je n'étais pas plus nerveuse pour ça, rappelle Johanne Dufour. Par contre, c'est plus difficile quand l'une d'elles n'est pas au sommet de sa forme; comme Chloé, qui soignait une blessure à un genou.»

Les deux mères sont évidemment fières de leurs enfants et le plus important n'est surtout pas leurs médailles. «Notre plus belle satisfaction, c'est de les voir heureux, de les voir aller au bout d'eux-mêmes en vivant à fond leur passion, estime Mme Thibaudeau. Ils mènent une vie très saine, tout en profitant des bons moments comme tous les jeunes de leur âge.»

«Je ne voudrais pas voir mes filles faire autre chose, renchérit Mme Dufour. Le milieu du sport est très sain et mes filles y sont visiblement très heureuses. Que demander de plus?»