Pour ceux qui suivent les activités de l'équipe canadienne de ski acrobatique en sauts de façon sporadique, il sera difficile de s'y retrouver ce week-end, lors de la Coupe du monde présentée à Mont-Gabriel. C'est que la discipline vit actuellement un profond changement de la garde. De fait, les noms des représentants canadiens sur place ce week-end ne leur seront guère familiers.

Des quatre athlètes qui ont représenté le Canada aux Jeux olympiques de Vancouver - Veronika Bauer, Kyle Nissen, Steve Omischl et Warren Shouldice - seul Shouldice est de retour cette saison.

Bien sûr, certains athlètes de la «relève» comme Sabrina Guérin et Rémy Bélanger sont de retour. Mais les entraîneurs de l'équipe doivent composer ni plus, ni moins avec un nouveau groupe d'individus.

«C'est certain que nous nous attendions à un gros changement d'effectifs après les Jeux de Vancouver, indique Daniel Murphy, entraîneur-chef de l'équipe nationale. Nous avions des athlètes, Omischl et Nissen notamment, qui ont étiré leur carrière parce que les Jeux avaient lieu à Vancouver. Nous étions pas mal certains que de ce groupe, seul Warren allait poursuivre.»

Se joignent à Guérin, Crystal Lee, Laurence Allard-Riendeau et Stéphanie Pratte. L'équipe masculine est complétée par Jonathan Vellner, Jean-Christophe André, Samuel Bélanger-Dallaire, Yannick Song et Marc-Antoine Labbé-Giguère. C'est justement la venue des Jeux à Vancouver qui aura permis au programme d'obtenir des fonds supplémentaires pour assurer cette relève.

«Des sauteurs comme Sabrina, Rémy et Travis se sont greffés au programme au cours des quatre dernières années et n'ont pas cessé de progresser en raison de projets comme «À nous le podium', ajoute Murphy. Nous les avons observés de très près, car nous savions que d'importants changements allaient survenir après les Jeux de 2010.»

L'équipe d'entraîneurs espérait tout de même compter sur deux vétérans de plus afin d'assurer la transition dans cette nouvelle olympiade: Bauer et Ryan Blais. Malheureusement, les deux athlètes ont subi des blessures au genou qui les empêchent de prendre part à la présente saison.

«C'est dommage, à la fois pour nous et pour eux, explique Murphy. Nous voulions compter sur leur expérience pour guider nos jeunes skieurs sur le circuit de la Coupe du monde, mais c'est aussi dommage pour eux, car ç'aurait été une belle saison de «pré-retraite', qui leur aurait permis de faire la transition vers leur après-carrière.»

Un roulement de personnel aussi important force également l'équipe à revoir ses attentes pour la saison.

«Nos objectifs sont toujours revus selon les athlètes avec qui nous travaillons, indique Murphy. C'est certain que le but ultime, c'est Sotchi (2014, les prochains Jeux d'hiver). Lors de notre première rencontre, nous avons établi le plan de match, le potentiel de développement pour chacun de ces athlètes.

«La première année d'un cycle olympique, c'est définitivement une année pour retrouver ses marques. Même les athlètes qui font des sauts avec un certain degré de difficulté, mais dont la qualité n'est pas là, on revient à des sauts plus simples, afin d'inculquer des automatismes qu'ils pourront transposer à leurs sauts plus difficiles.

«C'est ce qu'on a fait avec Sabrina, Jean-Christophe, Rémy et Travis sur les rampes d'eau l'été dernier. Nous sommes retournés à la base pour l'an un du cycle. Les degrés de difficulté ne leur permettront pas d'inscrire de gros résultats cette saison, mais le but c'est d'être au sommet en 2014.»

Rochon sur la bonne voie

Il y a un absent de taille au sein de l'équipe masculine, soit le jeune Olivier Rochon. C'est que la recrue de l'année sur le circuit de la Coupe du monde FIS en 2008-09 a été pour ainsi dire mis sur la voie d'accotement par les dirigeants de l'équipe.

Le Gatinois de 21 ans a contrevenu aux règlements mis en place - notamment en ne respectant pas en plus d'une occasion le couvre-feu - lors du camp d'entraînement estival de l'équipe sur les rampes d'eau du Lac-Beauport et l'équipe a décidé de le suspendre en juillet dernier. À ce moment-là, l'exaspération à l'endroit de Rochon était telle qu'on a même songé à le sortir du programme.

Depuis, les choses ont changé. Rochon ne prendra part à aucune compétition cette saison, mais il fait toujours partie de l'équipe et des plans d'avenir de celle-ci. Le jeune occupe présentement un poste d'entraîneur au Massif de la Petite-Rivière-St-François et rencontre un psychologue sportif quelques fois par semaine. À compter de février, il recevra un programme d'entraînement physique qui visera à le remettre dans une forme optimale pour reprendre l'entraînement avec le reste de l'équipe sur les rampes d'eau l'été prochain.

«Olivier est tout un sauteur, rappelle Murphy. Bien que l'objectif principal de l'équipe est la victoire, on ne veut pas l'obtenir à tout prix. Nous avons un minimum de valeurs que nous voulons inculquer à l'équipe et il s'agit seulement de faire réaliser à Olivier qu'il doit observer les règles mises en place.

«Il est sur la bonne voie. Nous avons eu une réunion de tous les intervenants vendredi matin et il semble qu'Olivier fasse les efforts que nous lui demandons de faire.»