A l'aube de sa 15e et dernière saison sur le circuit de la Coupe du monde de ski acrobatique, le vétéran Pierre-Alexandre Rousseau n'a rien perdu de sa passion pour son sport.

Et à 31 ans, il s'apprête à entamer son dernier tour de piste sans s'imposer de pression. Mais il admet qu'il aimerait bien s'offrir un coup d'éclat avant de tirer sa révérence.

«J'aime encore beaucoup ça, a confié le bosseur de Drummondville, lundi, lors d'une rencontre avec plusieurs membres de l'équipe canadienne. J'entends donner tout ce que j'ai pour cette dernière saison mais je veux avant tout me faire plaisir.»

Plusieurs croyaient que Rousseau, cinquième aux Jeux olympiques de Vancouver en février dernier, serait tenté d'annoncer sa retraite à l'issue de la dernière saison. Mais le principal intéressé a vu les choses autrement.

«Me retirer immédiatement après Vancouver aurait été une cassure trop raide, a-t-il confié. Après nos succès à Vancouver - l'or d'Alexandre Bilodeau et l'argent de Jennifer Heil - notre sport vit une période faste et je tiens à faire une autre saison dans ces circonstances.»

Rousseau a d'ailleurs profité des camps d'entraînement cet été pour partager ses connaissances avec ses jeunes coéquipiers, comme la jeune sensation de 18 ans Mikaël Kingsbury, proclamé recrue de l'année en Coupe du monde la saison dernière, et Cédric Rochon.

Le parcours de Rousseau, champion du monde des bosses en 2007, a été parsemé d'obstacles. En 2002, un mois avant les Jeux olympiques de Salt Lake City où il figurait parmi les favoris, il a fait une mauvaise chute à l'entraînement et s'est fracturé le cou. Après une délicate intervention chirurgicale et de longs mois de réadaptation, il est revenu à la compétition.

En 2006, il a vécu une autre grande déception quand il n'est pas parvenu à se qualifier pour les Jeux olympiques de Turin. Malgré tous ces coups durs, il n'a jamais abandonné.

Dans un sport très exigeant physiquement, il attribue le secret de sa longévité à sa façon de s'entraîner.

«Il faut s'entraîner intelligemment. Le secret, c'est aussi de s'accorder suffisamment de repos», a-t-il expliqué, lui qui reconnaît que la période de récupération est plus longue à son âge.

Au fil de sa carrière, Rousseau a également vu son sport évoluer.

«Au début de ma carrière, la référence était Jean-Luc Brassard avec son kozak. Puis à partir de 1998, on s'est mis à exécuter des sauts périlleux, les descentes devenant moins rapides. Depuis quelques années, on allie vitesse et sauts périlleux.»

Pour cette dernière saison, Rousseau ambitionne de participer à un autre triplé canadien en Coupe du monde - comme en janvier 2009 au Mont Gabriel quand Vincent Marquis, Alexandre Bilodeau et Rousseau étaient tous trois montés sur le podium. Et pourquoi pas aux championnats du monde qui auront lieu à Deer Valley, dans l'Utah, au début février.

«Nous y sommes presque parvenus aux Jeux de Vancouver - Bilodeau, 1er, Marquis, 4e, et Rousseau, 5e - et ce serait formidable de le faire encore. Un podium avec Alexandre (Bilodeau), Mikaël (Kingsbury) et moi, ce serait le couronnement du passé, du présent et de l'avenir de notre équipe.»

Un titre mondial pour Bilodeau

Une chose est sûre, le titre de champion du monde dans les bosses en simple est dans la mire de Bilodeau.

«C'est le seul titre qui manque à mon palmarès, a confié Bilodeau, champion du monde des bosses parallèles et vainqueur du grand globe de cristal en 2009. Je suis plus motivé que jamais, je me suis entraîné plus fort que jamais pendant l'été et j'ai hâte au début de la saison.»

La première étape de la Coupe du monde des bosses aura lieu à Ruka, en Finlande, le 11 décembre.

Bilodeau, âgé de 23 ans, devenu l'hiver dernier le premier Canadien à remporter une médaille d'or olympique au Canada, a été proclamé l'athlète masculin de l'année par la Fondation Sport pur (FSP), samedi. Ce n'est sans doute que le premier de plusieurs honneurs annuels pour lui.

«Avec un total de 14 médaillés d'or à Vancouver et tous les autres grands athlètes au pays, il y en a beaucoup d'autres qui peuvent prétendre à ces honneurs, a réagi Bilodeau. C'est un grand honneur pour moi, a-t-il dit de sa plus récente distinction. C'est le rêve de tous les jeunes enfants.»

Pour sa part, Jennifer Heil, l'autre tête d'affiche de l'équipe canadienne, sera en quête cette saison d'un sixième globe de cristal, qui couronne la championne du classement général de la Coupe du monde.

«J'ai toujours la même motivation qu'à mes débuts, a révélé la Montréalaise d'adoption de 27 ans. C'est vrai que je vise toujours la plus haute marche du podium à chaque comptétion. Mais ce qui me procure le plus de joie, c'est de m'améliorer, de faire toujours mieux.»

Malgré ses grands succès passés, elle estime avoir réalisé une seule descente parfaite en 10 ans de carrière.