La notoriété olympique n'est pas éternelle. Sept mois après son triomphe olympique, Alexandre Bilodeau se fait reconnaître dans la rue une ou deux fois par jour. Rien à voir avec les quasi-émeutes que sa présence pouvait provoquer à Vancouver après sa victoire dans les bosses. Normal.

Ça faisait quand même drôle, mardi, à la Grande Bibliothèque, de voir un agent de sécurité lui intimer l'ordre de ne pas s'asseoir sur une modeste table à café pour les fins d'une entrevue. Rebelote, quelques secondes plus tard, quand une serveuse excédée l'a évincé d'un café parce qu'elle n'avait pas encore «monté» ses tables.

Bilodeau n'a jamais rouspété et c'est debout, avec le sourire, qu'il a répondu aux questions. Faut croire que le succès n'est pas monté à la tête du tout premier athlète canadien qui a gagné l'or à des Jeux olympiques disputés chez lui.

Si Bilodeau n'est pas devenu multimillionnaire du jour au lendemain, il a conclu quelques partenariats lucratifs. Mardi, il était à la Grande Bibliothèque pour annoncer son rôle d'ambassadeur d'un nouveau site internet mis en ligne par la Banque nationale du Canada, jecomprends.ca. Le nouvel étudiant en finances à l'Université Concordia y signera une chronique mensuelle.

Le jeune homme de maintenant 23 ans se débrouille bien avec un micro devant les gens en tailleur et complet-cravate. Mais il est clairement plus à l'aise quand il retrouve son véritable champ d'expertise, les bosses.

Malgré une année un peu folle, où il atteint le summum athlétique, son niveau de motivation est toujours à son plus haut. «Je veux continuer à gagner, c'est mon premier objectif», a lancé Bilodeau, qui a repris l'entraînement physique en mai. «Je ne suis jamais sur une pente pour finir deuxième. Je pense que même à 50 ans, je ne voudrai pas finir deuxième. Même si ça me causera peut-être des maux de dos!»

Seule différence, l'habituelle «rage» de skier lui est revenue un peu plus tard. En août plutôt qu'en juillet. Déjà, il a pris part à trois camps sur neige, à Whistler, à Mount Hood (Oregon) et en Argentine. «Il y a toujours place à l'amélioration: la technique, l'accélération, le haut du corps. Et il y a peut-être mon bras droit... En tout cas, moi il m'achale.»

Bilodeau planche aussi sur quelques nouveaux sauts. À Mount Hood, il a réussi des doubles sauts périlleux dans les bosses. Il peut même y greffer une vrille ou deux.

Or, pour des raisons de sécurité, la Fédération internationale de ski (FIS) interdit les manoeuvres où la tête passe deux fois sous le corps. Au grand dam de Bilodeau: «Je pense que la peur et la sécurité ne devraient pas être des aspects limitatifs pour un sport. Je ne demande pas à la FIS de modifier les sauts pour accommoder les doubles. Mais ne mettez pas de règles qui limitent. Oui, il y a des critères à respecter, mais pourquoi se limiter à un menu si je suis capable de faire de meilleurs sauts que ceux proposés? Dit-on à Shaun White de ne pas faire des triples dans un half pipe?»

Le skieur de Rosemère n'est pas très optimiste, les «fonctionnaires à paperasses de la FIS» ne s'étant jamais démarqués pour leur ouverture ou leur avant-gardisme.

N'empêche, Bilodeau a très hâte à la première Coupe du monde de la saison, prévue en Finlande, le 11 décembre. Si elle n'est pas annulée... comme en a eu vent le champion olympique. Comme quoi le circuit compétitif du ski acrobatique ne se démarque toujours pas par sa stabilité.

Au moins, après une année d'absence, les meilleurs bosseurs de la planète seront de retour au mont Gabriel le 15 janvier, cette fois pour une épreuve en parallèle. Deux semaines plus tard, les Mondiaux de Deer Valley, en Utah, représenteront le principal objectif de Bilodeau en 2011.