Depuis un mois, Erik Guay s'emploie à tempérer les attentes en vue de la Coupe du monde de Lake Louise, dont la descente prévue aujourd'hui lancera la nouvelle saison de ski alpin.

Pas plus tard que la semaine dernière, le champion mondial se faisait déclasser par ses rivaux norvégiens et autrichiens à l'entraînement au Colorado. Il est donc arrivé à Lake Louise sur la pointe des pieds, d'autant que cette montagne lui a rarement souri depuis ce premier podium obtenu en 2003.

À l'image de la météo dans les Rocheuses albertaines, le ski est un sport bien imprévisible.

Cinquième du premier entraînement, Guay a fait encore mieux hier, enregistrant le deuxième chrono de la journée. Seul le Français Adrien Théaux l'a devancé de sept centièmes.

De quoi sourire, mais aussi mettre les choses en perspective. De violentes rafales ont balayé la montagne et Guay croit être l'un de ceux ayant bénéficié d'un vent de dos.

En répondant à la première question des journalistes, le Québécois a donc adopté un ton presque professoral. «Le mot clé est «descentes d'entraînement»», a-t-il dit en insistant sur le dernier mot. «C'est presque de la malchance que d'avoir deux descentes comme celle-là...» Comme si un golfeur avait réussi un trou d'un coup sur le terrain d'entraînement avant le début de la première ronde.

Au-delà de son classement, Guay se réjouissait surtout d'avoir pu skier de façon détendue en dépit de raideurs au dos ressenties au réveil. Rien d'alarmant, mais un rappel qu'il devra sans doute composer avec cette condition pendant toute la saison.

«C'est sacrément bon!»

Un peu en retrait, Brian Stemmle souriait en écoutant Guay banaliser ses prestations à l'entraînement. «Il dit que ça ne veut rien dire. Moi, je dis que c'est sacrément bon!», a affirmé celui qui fut l'un des meilleurs descendeurs canadiens dans les années 90.

Aksel Lund Svindal, l'un des bons amis de Guay sur le circuit, partageait cet avis. «Il a été bon deux jours de suite, ça indique quelque chose. Même chose pour Théaux (deuxième jeudi). Ils seront certainement forts pour la course», a prédit le Norvégien.

Théaux, 27 ans, s'affiche comme le grand espoir de la descente en France. Il s'est signalé l'hiver dernier avec une troisième place spectaculaire derrière Didier Cuche et Bode Miller à Kitzbühel, avant de gagner la dernière descente à Lenzerheide.

Friand des parcours techniques et glacés, Théaux cherche encore à apprivoiser les pistes où une bonne glisse est requise, comme c'est le cas à Lake Louise. «Je m'y suis entraîné tout l'été et j'espère que ça va marcher.»

En l'absence du nouveau retraité Michael Walchhofer, tenant du titre à Lake Louise, et de Mario Scheiber, récemment blessé, les espoirs de l'Autriche reposent sur le vétéran Klaus Kroell et le polyvalent Romed Baumann, cinquième hier à l'entraînement après avoir réalisé le meilleur temps la veille. Un collègue autrichien suggère aussi de garder un oeil attentif sur le jeune Joachim Puchner, 24 ans, quatrième hier.

Même si Lake Louise ne figure pas parmi ses stations favorites - il a quand même gagné en 2009 -, l'inusable Suisse Didier Cuche reste l'homme à battre. À 37 ans, il vise un cinquième globe en descente, ce qui le placerait à égalité avec le légendaire Autrichien Franz Klammer. Mais n'allez surtout pas le lui rappeler. «Ça m'avance à quoi d'y penser? a-t-il rétorqué. On est en début de saison, il faut faire 30 courses (11 descentes) et on fera les comptes après.»

Trente-deuxième du dernier entraînement, Cuche a exprimé son mécontentement après avoir franchi la ligne d'arrivée. Selon Erik Guay, il ne faut pas se laisser berner: «Quand des gars comme Cuche et Bode Miller (26e) sont deux secondes derrière, c'est que les conditions ne sont pas égales.»

Guay, qui s'élancera 15e aujourd'hui, jure qu'il n'a qu'un seul objectif à Lake Louise: repartir d'ici avec un dos en bon état. «Je sais que la saison est longue. Si j'ai des résultats en partant, tant mieux, même si je suis vraiment plus un skieur du mois de janvier. On verra.»

Par ailleurs, John Kucera, gravement blessé à Lake Louise il y a deux ans, passera son tour, préférant se donner encore un peu de temps avant de reprendre le collier. À l'inverse, le Québécois Louis-Pierre Hélie disputera sa première course depuis sa grave chute à Bormio il y a 11 mois.

Camps pour la relève

Canada Alpin a annoncé hier la création d'un programme «révolutionnaire» pour développer les aptitudes de ses jeunes dans les épreuves de vitesse. L'initiative, financée par la société minière Osisko, consiste en l'organisation de trois camps destinés aux meilleurs skieurs de 15-16 ans. Ces derniers seront encadrés par plusieurs entraîneurs de renom et d'anciens membres de l'équipe canadienne. Par exemple, l'ancienne championne du monde Mélanie Turgeon participera au camp de Mont-Sainte-Anne, du 31 janvier au 2 février.