Julien Cousineau avait 22 ans quand il a participé pour la première fois aux Championnats du monde, à Saint-Moritz, en 2003. Malade, le prometteur skieur de Lachute n'avait pas réussi des performances à la hauteur de ses attentes. J'aurai bien le temps de me reprendre, pensait-il.

Ses genoux en ont décidé autrement. De multiples opérations lui ont fait rater les deux derniers Mondiaux, en plus des Jeux olympiques de Turin, en 2006.

Cet hiver, le spécialiste du slalom effectue un retour sur le circuit de la Coupe du monde. Il doit refaire sa place. Avec des numéros de dossard défavorables et sur des tracés souvent entamés. Or à Wengen, à la mi-janvier, il a signé une neuvième place, le meilleur résultat de sa carrière. Malgré des signes très encourageants à l'entraînement, les sorties de piste ont cependant été trop nombreuses.

Cousineau s'est récemment libéré l'esprit lors de petites vacances de cinq jours à Florence. Aujourd'hui, à l'épreuve par équipe des Mondiaux de Val d'Isère, il représentera le Canada avec le nouveau champion du monde John Kucera. Ça lui donnera une excellente occasion de préparer le slalom de dimanche. Il a l'intention de savourer le moment. À 28 ans, il sait ce que ça représente. La Presse l'a joint en Autriche, la veille de son arrivée en France.

Q Comment qualifierais-tu ta saison jusqu'ici?

R Ç'a été décousu. Je suis toujours là, parmi les meilleurs, sauf que j'ai eu de la misère à me rendre en bas cette année. Pourquoi? Je ne sais pas trop. Parfois, ce sont de petits détails. Disons que je n'ai pas eu trop de chance depuis le début de l'année. J'ai perdu un ski lors d'une course, j'en ai cassé un en haut de parcours à Kitzbühel... donc deux sorties de piste qui sont hors de mon contrôle. Mais ça fait partie du sport.

Q Quel est l'enjeu de ces Mondiaux pour toi?

R Je me suis mis beaucoup de pression après la neuvième place à Wengen. Parce que je suis capable d'être sur le podium et de gagner des courses. Je me suis peut-être concentré sur la mauvaise chose. Au lieu de répéter ce que je fais à l'entraînement et de rester calme, j'essayais d'en faire trop, j'y allais vraiment pour les podiums. Ce n'est pas toujours la meilleure approche quand tu pars un peu plus loin derrière. Je veux faire deux bonnes manches et les résultats suivront. Vraiment, je veux juste y aller pour le plaisir. En fait, je vais laisser mon ski parler.

Q De façon générale, où en est l'équipe technique du Canada? Les bons résultats semblent plutôt rares...

R L'an passé, on n'avait aucun top 10 en Coupe du monde. On repartait vraiment à zéro. On a retrouvé notre ancien entraîneur (Dusan Grasic) et on a travaillé hyper fort durant l'été. On partait tous au-delà des 30 premiers au début de l'hiver. Maintenant, Mike Janyk est 18e. Les résultats sont là. On pourrait faire mieux, on devrait faire mieux, mais ce serait en demander un peu trop. On avance bien. On avait cinq gars en deuxième manche à Wengen, ce qui ne s'était jamais vu au Canada. Et au moins deux Canadiens se sont qualifiés pour les deuxièmes manches de chacune des courses. C'est de bon augure pour l'an prochain.