La face de Bellevarde, où sont présentées les épreuves masculines des Championnats du monde de Val d'Isère, est un ovni dans le monde du ski alpin.

Extrêmement pentu, sinueux et long, ce tracé n'a pas accueilli de descente officielle depuis les Jeux olympiques d'Albertville, en 1992. La moindre faute de trajectoire se paie en dixièmes, voire en secondes. Mercredi, Erik Guay l'a appris à ses dépens alors qu'il a pris le 19e rang du super-G.

L'athlète de Mont-Tremblant s'est repris ce jeudi en enregistrant, à sa grande surprise, le quatrième chrono du premier entraînement en vue de la descente prévue samedi.

La Presse l'a joint en Savoie.

Q. Soulagé?

R. Ça va mieux. Un peu mieux. Hier, j'étais quand même en maudit. Ça ne me tentait pas trop de parler. Je voulais rester tranquille, tout seul.

Q. Que s'est-il passé au super-G ?

R. J'ai juste mal skié. C'est très à pic. Ils n'ont donc pas le choix de faire un tracé très étroit, serré, très technique. On ne voit jamais ça en Coupe du monde. Donc, on dirait que je n'étais pas prêt. J'ai skié défensif, je ne laissais pas filer les skis. Je n'avais pas de bonnes sensations.

Q. Tu n'as pas connu les résultats escomptés à Wengen (chute) et à Kitzbühel (DQ et 15e). La descente de Garmisch a été annulée. Dans quel état d'esprit es-tu arrivé à Val d'Isère ?

R. Après Kitzbühel, j'ai été vraiment malade. J'ai fait de la fièvre pendant trois-quatre jours et j'ai eu la diarrhée. Ça n'allait pas si mal à l'entraînement à Garmisch, mais j'étais un peu faible. J'avais vraiment de la misère à me rendre en bas à 100 %.

Q. Aujourd'hui, tu étais deuxième quand tu as franchi la ligne d'arrivée, à trois dixièmes de l'Autrichien Walchhofer, une référence. Ça a dû te réjouir ?

R. En fait, j'étais un peu surpris. Je voulais être dans le coup, mais je ne me sentais pas super à l'aise au départ. J'étais un peu nerveux. Il ne faisait pas super beau : il ventait, il neigeait et la lumière était vraiment mate. Durant la descente, c'était assez rock and roll. Je me faisais brasser d'un côté à l'autre. Quand j'ai vu que j'étais deuxième... Disons qu'il y a pas mal d'endroits où je pourrais m'améliorer. Ça fait quand même du bien de voir que je suis dans le coup.

Q. Peux-tu décrire la face de Bellevarde ?

C'est spectaculaire pour les spectateurs, qui voient le trois quart de la piste depuis l'aire d'arrivée. C'est vraiment très à pic. Donc, ce n'est pas vraiment une descente. C'est toujours de gauche à droite. Il faut garder une vitesse assez modérée. Il est très difficile de skier agressif et en attaque. Il faut quasiment que tu sois passif-agressif.

Q. Comment le parcours est-il accueilli ?

R. Il y a en pas mal qui sont fâchés, frustrés, parce que ce sont les championnats du monde et que ce devrait être une descente qu'on voit assez souvent. Moi, je dis toujours que le meilleur skieur est celui qui est capable de skier dans toutes les conditions et sur toutes les pistes. On l'a vu en super-G. Cuche a gagné et il est l'un des skieurs les plus dominants en Coupe du monde.

Q. Des objectifs pour la descente ?

R. Non, vraiment pas (sourire). Je ne mets pas de pression additionnelle. Je prends ça comme ça vient. L'important, c'est de retrouver ma confiance, de me sentir plus à l'aise.