Après neuf années d'attente et de désillusions, l'Autriche peut cueillir mardi à Bischofshofen une première victoire dans «sa» tournée des Quatre tremplins grâce à un sauteur que personne n'attendait, Wolfgang Loitzl.

Il n'a pas le charisme et le palmarès d'un Thomas Morgenstern, ni l'insouciance et l'ambition d'un Gregor Schlierenzauer, ses coéquipiers adulés dans un pays où le saut à skis est roi.

Mais depuis qu'il a remporté la deuxième étape de la 57e tournée à Garmisch-Partenkirchen jeudi, puis confirmé dimanche à Innsbruck devant 25.000 spectateurs déchaînés, Loitzl, 28 ans, a changé de statut.

Il n'est plus l'éternel second -six 2e place en Coupe du monde depuis ses débuts en 1997, dont quatre cet hiver- , mais celui qui va tordre le cou à la malédiction qui semblait accabler les «Aigles» depuis quelques années.

Alors qu'elle monopolise à nouveau les premières places en Coupe du monde depuis 2006 (30 victoires), la Wunderteam a pris l'habitude de craquer devant son public à l'image du prodige Schlierenzauer en 2007 (2e) et du champion olympique 2006 Morgenstern l'hiver dernier (2e).

Relégué en équipe B

En deux sauts sur le tremplin de Bischofshofen mardi (15h30 GMT), Loitzl peut donc rejoindre au palmarès de la plus prestigieuse épreuve de saut à skis ses compatriotes Sepp Bradl (1953), Willi Pürstl (1975), Hubert Neuper (1980, 1981), Ernst Vettori (1985, 1986), Andreas Goldberger (1993, 1995) et Andreas Widhölzl (2000).

«Depuis que j'ai gagné à Garmisch, tout est plus facile. Jusqu'à présent, j'ai toujours voulu gagner. Maintenant, je sais que je peux gagner», a expliqué ce père de deux enfants qui aura mardi prochain 29 ans, un âge canonique en saut à skis.

Mais s'il dispose d'une confortable avance sur le Suisse Simon Ammann (15,8 pts, l'équivalent de 8,5 m) et sur Schlierenzauer, Loitzl n'a pas l'intention de calculer.

«Je vais encore attaquer», a promis celui qui avait jusque là bâti son palmarès dans les concours par équipes avec quatre titres mondiaux.

Vexé de n'être que remplaçant lors des derniers jeux Olympiques, puis relégué en équipe B, le sauteur de Bad Mitterndorf, amateur de grosses motos, est devenu plus professionnel et s'est découvert de l'ambition.

Il a aussi bénéficié d'un facteur capital dans une épreuve encore plus éprouvante pour les nerfs que les JO.

«Depuis le début de la tournée, il a pu sauter en toute quiétude, car personne ne l'attendait», note le dernier vainqueur autrichien, Andreas Widhölzl qui avait lui aussi surpris tout son monde en 2000 pour dominer l'Allemand Martin Schmitt, alors imbattable.