Les athlètes qui s'affrontent dans des disciplines nautiques aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro sont confrontés à une mission presque impossible. Ils doivent monter dans leurs embarcations, ramer de toutes leurs forces et tenter d'offrir le meilleur d'eux-mêmes, tout cela en prenant bien soin d'éviter tout contact avec l'eau.

Plus encore, ils ne doivent surtout pas l'avaler.

Les poignées des avirons des athlètes qui se préparaient, samedi, à sillonner la lagune polluée Rodrigo de Freitas ont été javellisées. Les rameurs se sont gargarisé au rince-bouche antibactérien et ont mis leurs bouteilles d'eau dans des sacs de plastique fermés.

Ces précautions ne sont que quelques exemples parmi plusieurs autres. Les athlètes doivent être vigilants s'ils veulent mettre toutes les chances de leur côté pour ne pas saboter leurs années d'entraînement pour les jeux de Rio avec une diarrhée ou une infection gastro-intestinale.

En se préparant à s'échauffer, Carling Zeeman, une athlète canadienne dans une épreuve d'aviron, a reçu un accueil surprenant de son entraîneur qui l'attendait sur le quai. «J'ai été reçue avec une bouteille de liquide désinfectant pour les mains», a-t-elle dit.

La surface de l'eau paraissait toutefois plus claire qu'à l'habitude samedi. Cette amélioration apparente pourrait être l'effet de la biorestauration effectuée par les autorités pour nettoyer la lagune remplie d'eaux usées.

Une étude indépendante menée par l'Associated Press sur une période de 16 mois a toutefois démontré que les plans d'eau qui seront empruntés par 1400 olympiens sont dangereux. Des virus provenant des déchets humains pourraient représenter d'importants risques de santé pour les athlètes.

Rio de Janeiro ne traite que la moitié de ses eaux usées. Tout le reste est rejeté dans les cours d'eau qui entourent la région métropolitaine de 12 millions d'habitants.

Si les autorités brésiliennes avaient promis que les eaux de la lagune Rodrigo de Freitas seraient assainies à temps pour les Jeux olympiques, les échantillonnages de l'Associated Press font plutôt état d'une contamination répandue.

Pourtant, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Comité international olympique (CIO) considèrent que le niveau de la qualité de l'eau est sans danger. Celles-ci basent toutefois leurs évaluations sur les tests de qualité effectués par l'État de Rio de Janeiro.

Seules les bactéries sont comptabilisées dans ces échantillonnages. Mesurer le taux de contamination par des virus requiert des tests plus poussés et coûteux.

Le directeur général de l'Association internationale d'aviron, Matt Smith, s'est néanmoins montré optimiste samedi. «L'eau est presque bonne à boire», a-t-il lancé aux journalistes, convaincu que l'apparence plus limpide de la lagune était gage d'une bonne qualité de l'eau.

Les athlètes semblaient d'ailleurs plus préoccupées par des facteurs tout autres qui pourraient les désavantager dans leurs épreuves, notamment le vent et le courant de l'eau.

Il faut dire que de tenter d'éviter de toucher à l'eau est pratiquement impossible.

«Nous essayons de ne pas faire de contact mains à bouche et de ne pas recevoir d'eau sur notre bouche», a résumé l'Australienne Kim Brennan, qui avait remporté une médaille d'argent à Londres.