C'est fait ! Le phénomène Usain Bolt, vainqueur du relais avec la Jamaïque, est entré dans la légende de l'athlétisme en réalisant le triplé (100-200-4x100 m) aux JO de Rio comme à Pékin en 2008 et Londres en 2012.

Les exploits de Bolt, grand homme des Jeux à égalité avec le nageur américain Michael Phelps, jettent un voile pudique sur les problèmes qui assaillent les JO et le CIO, dont un haut dirigeant dort en prison.

Avec ses neuf médailles, Bolt rejoint deux légendes de l'athlétisme, le grand Carl Lewis et «le Finlandais volant» Paavo Nurmi.

Mais la collection olympique s'arrêtera là car Bolt, 30 ans dimanche, s'apprête à mettre un terme à sa carrière. Il ira sûrement jusqu'aux Mondiaux-2017 à Londres. Mais au-delà ?

Sa dernière représentation aux JO s'est faite devant un stade à moitié vide. Peu importe... Bolt, qui prétend figurer quelque part entre Pelé et Mohamed Ali parmi les plus grands sportifs de tous les temps, est une icône, adulée dans le monde entier.

«I am the greatest» («Je suis le plus grand»), a-t-il lui même estimé.

Le temps qui passe dira quelle place il prendra vraiment dans l'Histoire. D'autant que l'un de ses titres est sous la menace puisqu'un de ses équipiers, Nesta Carter, a été contrôlé positif a postériori à l'occasion du relais 4x100 m des JO de Pékin.

En attendant de devoir rendre éventuellement cette médaille, Bolt a fêté cette entrée au Panthéon d'une danse endiablée en bord de piste avec ses partenaires Asafa Powell, Nickel Ashmeade et Yohan Blake.

Entrés dans le stade en mimant l'attitude des Samouraï, les Japonais ont pris la deuxième place à la surprise générale, devant les États-Unis, finalement déclassés au profit du Canada pour un passage de relais hors-zone.

Les États-Unis côté pile et face

La défaite américaine constitue un camouflet de plus pour Justin Gatlin, arrivé à Rio avec son passé d'ex-dopé (5 ans de suspension) et surtout l'ambition de faire tomber Bolt. Il repart finalement avec une seule médaille (argent sur 100 m), une élimination sur 200 m et une disqualification en relais.

En revanche, les «girls» de Team USA ont décroché le plus miraculeux des titres, également sur 4x100 m. Les Américaines avaient fait tomber le témoin en demi-finale. Mais comme elles ont démontré avoir été gênées par les Brésiliennes au couloir voisin, elles ont bénéficié d'une séance de rattrapage surréaliste, seules sur la piste avant l'ouverture de la séance de jeudi soir.

Vingt-quatre heures plus tard, elles ont conservé leur titre, et surtout offert à Allyson Felix un 5e titre olympique (pour un total de 8 médailles).

Côté pile encore, les États-Unis se sont qualifiés pour la finale du tournoi de basket-ball, en battant l'Espagne (82-76). Les stars de la NBA affronteront dimanche pour une troisième médaille d'or consécutive la Serbie, facile vainqueur de l'Australie (87-61).

Côté face, ce sont encore des Américains qui animent un autre feuilleton, plus rocambolesque. Les quatre nageurs qui ont inventé une agression par de faux-policiers, pour dissimuler une querelle avec le vigile d'une station service, en partie saccagée, rentraient aux États-Unis.

Parmi eux, Ryan Lochte, 32 ans, l'un des grands noms de la natation mondiale (6 médailles d'or au total). C'est lui qui avait raconté à la télévision américaine NBC avoir été braqué, avec les trois autres, à l'aide d'une arme à feu par des faux policiers dimanche à l'aube à Rio.

Avec son coéquipier James Feigen, il a été considéré comme coupable «de dénonciation mensongère d'un délit».

Un membre du CIO en prison

Présenté jeudi soir à une juge, Feigen a accepté une transaction pénale «moyennant le versement d'une amende de 35 000 réais (près de 11 000 dollars) à une institution caritative», selon la police.

Ryan Lochte est lui rentré rapidement aux États-Unis où il est désormais considéré comme un paria et a été contraint de faire acte de contrition via les réseaux sociaux.

Les deux derniers nageurs ont été mis hors de cause par la justice brésilienne. Mais le CIO a annoncé avoir saisi une Commission disciplinaire pour étudier leur cas et «voir s'il y a matière à sanction».

Cette affaire fait pourtant figure de (mauvaise) plaisanterie par rapport à celle, beaucoup plus sérieuse, qui embarrasse le CIO depuis 72h00: l'interpellation puis l'incercération dans une prison de haute sécurité au nord de Rio de l'un de ses plus hauts dirigeants, l'Irlandais Patrick Hickey, 71 ans, accusé d'être impliqué dans un réseau de revente illégale de billets.

Le trafic a généré une recette «d'au moins 10 millions de réais» (2,8 millions d'euros), selon la police.

Voilà le monde de l'olympisme dans lequel s'apprête à rentrer Yelena Isinbayeva. Exclue des JO par la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), comme la grande majorité des Russes, elle a réussi à attirer la lumière.

Elle a officialisé la fin de sa carrière, au lendemain de son élection au CIO, en tant que membre de la Commission des athlètes. Sebastian Coe, le président de l'IAAF, qui l'a chassée des JO, s'est dit «impatient de travailler avec elle». Pas sûr que le sentiment soit réciproque.