Après avoir passé tout l'hiver en Floride, Émilie Fournel a retrouvé les eaux du lac Beauport pour sa préparation finale en vue des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Nos photographes ont profité d'une magnifique soirée du solstice d'été pour une séance avec la puissante kayakiste. La triple olympienne a ensuite dévoilé les dessous techniques d'un sport explosif où les embarcations peuvent filer à plus de 20 km/h. Suivez la guide.

La proue

«Les designers du fabricant portugais Nelo se sont inspirés des voiliers de course de la Coupe de l'America pour concevoir la pointe du kayak. Ironiquement, mon fiancé [NDLR: un ancien kayakiste suédois] fait maintenant partie de l'équipage d'Artemis Racing. Pour l'expliquer simplement, le nez renversé fait en sorte qu'une plus grande partie du bateau touche l'eau. La surface de glisse est donc plus importante, ce qui permet un meilleur contrôle.»

PHOTO OLIVIER JEAN ET MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le support à pied

«Le kayak est un sport de bras, mais une grande partie du transfert d'énergie se fait par les abdominaux et les jambes. Le support à pied offre un appui pour donner le coup de pagaie le plus puissant possible. Il comporte aussi une tige reliée à des cordes, qui elles sont connectées à un petit gouvernail à l'arrière. En déplaçant la tige à gauche ou à droite avec nos pieds, on peut faire de petits ajustements de direction.»

PHOTO OLIVIER JEAN ET MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La pagaie

«Ma pagaie est faite à la main, presque sur mesure, par l'Ontarien Peter Patasi, qui était l'un des partenaires de mon père en K4 aux Jeux olympiques de Montréal. Comme j'ai beaucoup de force par rapport à mon poids, je peux me permettre d'utiliser une pagaie plus rigide que la moyenne avec des pales qui "accrochent" beaucoup d'eau. Ça taxe cependant les muscles et c'est dur pour les articulations. Il faut donc trouver l'équilibre permettant de maintenir la bonne cadence jusqu'à la fin de la course.»

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse

Le kayak

«Mon kayak est en carbone et doit peser 12 kg pour la course. On utilise des pesées pour atteindre le poids minimal, sans quoi on risque la disqualification. J'ai moi-même choisi les pois rouges, inspirée par le maillot à pois de meilleur grimpeur au Tour de France, que je suivais à la télévision avec mon frère Hugues. On ne monte pas de montagnes en kayak, mais se rendre la première à la ligne d'arrivée exige des montagnes de travail et d'énergie!»

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse

La camisole

«Cette camisole appartenait à mon père. Elle m'a été donnée par un de ses amis après son décès. Je la porte souvent à l'entraînement. C'est un souvenir et elle voyage toujours avec moi.» Jean Fournel, père d'Émilie, a pris part aux Jeux olympiques de Montréal de 1976 en K4. Il est mort d'une leucémie en 1997 à l'âge de 41 ans.

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse

Les mains

«Mes mains sont pas mal usées. Il y a du ruban gommé assez abrasif sur ma pagaie pour m'assurer qu'elle ne me glisse pas des mains lorsque je rame le plus fort que je peux. Quand on passe plusieurs heures par semaine sur l'eau, ça s'accumule. Il y a donc beaucoup d'ampoules qui se forment. Les nombreuses heures de musculation n'aident pas non plus...»

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse

La montre

«Ma montre GPS indique ma vitesse lors des entraînements. Elle est aussi connectée à un capteur de fréquence attaché à ma pagaie. Je peux donc aller à des vitesses et des cadences précises pour varier mes entraînements. La montre aide aussi à trouver la fréquence optimale. Ces informations sont utiles à l'élaboration des stratégies de course. On peut recréer exactement ce qu'on veut produire dans une course. Si la vitesse ou la cadence descend trop, ça signifie qu'on est trop fatigué ou que quelque chose ne fonctionne pas!»

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse

Les lunettes

«Les reflets du soleil sont très durs pour les yeux. Avec le nombre d'heures qu'on passe sur l'eau, les lunettes fumées sont donc indispensables. On les porte aussi pour ne pas recevoir d'eau dans les yeux. En solo, ce n'est pas si mal, mais en bateau d'équipe, il y a de l'eau partout et c'est beaucoup mieux avec des lunettes.»

Photo Olivier Jean et Martin Tremblay, La Presse