Il y a moins d'un mois, Hugues Fournel pensait regarder sa grande soeur Émilie pagayer à Rio à la télévision. Le vétéran de Londres avait fait une croix sur ses deuxièmes Jeux olympiques. Il n'était pas qualifié. Il lui restait Tokyo, dans quatre longues années.Mais un incident bien de notre époque lui a permis de rêver. Le kayak biplace russe du 200 m a été disqualifié dans la foulée du rapport McLaren, sur le dopage systémique en Russie.

Quand la nouvelle est sortie fin juillet, Fournel n'a pas tout de suite sauté de joie. Devant lui et son coéquipier Ryan Cochrane se trouvait un duo suédois. Mais des rumeurs circulaient : les Suédois pourraient refuser d'accepter la place.

Puis, il y a une dizaine de jours, il a reçu un message de son entraîneur Frédéric Jobin. Il lui disait de le rejoindre illico au restaurant où ils ont leurs habitudes, Le Subtil, dans Lebourgneuf, quartier de Québec.

« C'est là que le stress a embarqué. J'avais des sueurs froides. Il allait me dire si j'allais à Rio ou pas. Je suis parti sur l'autoroute avec mille et une pensées en tête, raconte Fournel. Fred n'y va pas par quatre chemins. Il m'a dit : "C'est toi qui y vas." »

« Les gens de la table à côté de nous ont écopé. Je leur ai donné une grosse accolade. Ils ne comprenaient pas trop au début. J'étais vraiment, vraiment content. »

- Hugues Fournel

Fournel raconte cette anecdote de Rio, où il est arrivé samedi. Il va participer mercredi à la course de 200 m avec son partenaire Ryan Cochrane. Ils avaient fini septièmes sur la même distance à Londres.

« On se sent super bien. On est en forme. On a fait des tests sur l'eau et le bateau va très bien. Ryan et moi, on a beaucoup d'expérience ensemble et notre bateau est déjà bien installé, dit l'athlète de 28 ans. On espère faire mieux qu'à Londres. On avait fait septièmes. Donc un top 6. On ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Sa soeur Émilie, 29 ans, va aussi participer à une course de 500 m mercredi, en monoplace.

Ces deuxièmes Jeux sont pour Fournel un cadeau du ciel. Il l'admet, les quatre dernières années « ont été en dents de scie ».

Mais peu importe ce qui se passe, il se voit à Tokyo en 2020. Le Montréalais a déménagé à Québec pour l'entraînement. Le chemin est clair pour lui. « C'est certain que je continue jusqu'en 2020 », dit-il.