Le Canada n'a pas gagné de médaille en nage synchronisée depuis 16 ans. Karine Thomas, 27 ans, et Jacqueline Simoneau, 19 ans, vont tenter de changer ça à Rio. Les deux nageuses vont proposer un numéro novateur, pour casser les stéréotypes associés à leur sport.

KARINE THOMAS

Que peut-on attendre de votre programme libre à Rio?

C'est une routine qui exprime les émotions d'une personne qui se fait briser le coeur. On a décidé de travailler sur un côté très, très artistique. À date, les commentaires ont été positifs. C'est possible que certains juges n'arrivent pas à voir la difficulté et le côté technique. Mais on a vraiment essayé d'avoir les deux, l'artistique et le technique, pour démontrer toutes nos forces.

Vous dites vouloir casser le stéréotype «poupées dans l'eau» associé à votre sport.

Oui. On est d'abord et avant tout des athlètes. Alors c'est difficile d'aller chercher des émotions. Des fois, on reste dans notre zone de confort, on se met un sourire plastique sur le visage et on espère que ce sera correct. Mais là, on a décidé de travailler avec un professeur de théâtre. C'est le temps de changer les choses un peu. On a fait ce choix-là et on va voir comment ça va fonctionner.

Qu'est-ce qu'il manque au Canada pour redevenir une puissance en nage synchronisée?

On est en train de remonter en ce moment. On est sur la bonne voie. Je pense qu'il faudra changer un peu la manière de juger des juges; pas seulement valoriser ce qui est impressionnant. Les juges prennent des décisions ultrarapides et c'est rendu très difficile de voir quelle performance est meilleure que les autres. Mais dans nos analyses, on remarque que ce ne sont pas toujours les meilleures exécutions qui sont primées. Il y a du travail à faire de ce côté.

Les hommes ont désormais leur place aux Mondiaux. Pensez-vous qu'on les verra un jour en nage synchronisée aux Jeux olympiques?

Je ne sais pas, mais je pense que c'est intéressant d'avoir des hommes dans le sport. Ils apportent une nouvelle dynamique. Ils repoussent les limites du sport, parce qu'ils sont beaucoup plus puissants que les femmes. Ça, c'est intéressant pour tout le monde.

S'il n'y avait pas la nage synchro dans votre vie, quelle serait votre passion?

Je pense que j'aurais choisi un autre sport. Le triathlon m'intéresse. Je pense d'ailleurs me recycler dans ça après ma carrière en nage synchro. J'aimerais en faire quelques-uns et voir ce que ça donne.

JACQUELINE SIMONEAU

Que peut-on attendre de votre programme libre à Rio?

Notre routine libre est très, très différente dans le monde de la nage synchronisée. On pourrait même dire qu'elle est innovante. C'est une musique contemporaine, style tango, avec des voix. Ça ne s'est jamais vu dans le monde de la nage synchronisée.

Vous dites vouloir casser le stéréotype «poupées dans l'eau» associé à votre sport.

C'est ça, le stéréotype de la nage synchro. Mais on a eu la chance de travailler avec un professeur à l'École nationale de théâtre. On le voit deux ou trois fois par semaine. On travaille des expressions faciales très différentes dans le monde de la nage synchronisée. L'aspect artistique compte pour la moitié des points des juges, alors c'est important de travailler sur ça.

Qu'est-ce qu'il manque au Canada pour redevenir une puissance en nage synchronisée?

Je pense que depuis l'arrivée des installations de l'INS [Institut national du sport], leur rénovation, je pense qu'on a presque tout. On s'entraîne un nombre d'heures équivalent - peut-être même plus élevé - que les Russes, qui dominent dans notre sport. L'entraînement n'est pas le problème, les infrastructures ne sont pas le problème. Je pense qu'il faut essayer d'avoir des équipes plus constantes. Nous, ça bouge beaucoup. D'autres pays ont les mêmes filles pendant deux ou trois Jeux. Nous, tous les quatre ans on change. C'est déstabilisant.

Les hommes ont désormais leur place aux Mondiaux. Pensez-vous qu'on les verra un jour en nage synchronisée aux Jeux olympiques?

Je ne sais pas. Ils ont introduit le duo mixte aux Mondiaux. Je pense que ce serait cool d'avoir des hommes aux Jeux. Ça attirerait un nouvel auditoire et je pense que ça attirerait plus de garçons à notre sport.

S'il n'y avait pas la nage synchronisée dans votre vie, quelle serait votre passion?

Je pense que je ferais du plongeon. J'en ai fait beaucoup quand j'étais jeune. À un moment de ma carrière, j'ai dû choisir entre les deux. Je m'ennuie beaucoup du plongeon. Hors du sport, je pense que je me concentrerais plus sur mes études. Un jour j'aimerais étudier en médecine.