Les craintes entourant les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, au Brésil, occupent l'avant-plan depuis des mois. La préoccupation la plus grande, à l'aube de cet événement d'ampleur internationale, est celle d'une possible attaque terroriste.

Les récents attentats successifs en Europe et aux États-Unis ont fait augmenter l'inquiétude des Brésiliens, d'autant plus que la prévalence des meurtres à Rio est en hausse. Les problèmes qui touchent le Brésil sont toutefois multiples, allant de risques de santé liés à la pollution des cours d'eau à ceux qu'implique le virus Zika, largement répandu dans ce pays d'Amérique latine.

«Bienvenue en enfer», indiquent des écriteaux brandis par des policiers accueillant les voyageurs à l'aéroport international. Des milliers d'employés du secteur public de l'État de Rio de Janeiro n'ont pas reçu de salaire depuis des mois, alors que la pire récession depuis des décennies frappe le Brésil.

Le directeur du Centre international en études olympiques de l'université ontarienne Western, Michael Heine, ne s'étonne pas que la couverture médiatique précédant les Jeux olympiques soit si négative.

«C'est un événement sportif, mais il n'y a pas de matériel sportif (à couvrir) parce que le son du sifflet n'a pas été entendu» a-t-il fait valoir, faisant référence au coup d'envoi de la compétition internationale, qui sera donné vendredi.

De nombreux reportages publiés avant les Jeux olympiques de Londres, en 2010, faisaient état de craintes liées à des questions de terrorisme. L'intensification de la présence militaire et policière soulevait par ailleurs des inquiétudes quant au respect des libertés civiles.

En 2008, le tableau dépeint par les médias n'était guère plus reluisant à l'approche des Jeux de Pékin. L'accent avait été mis sur l'autoritarisme chinois et la mauvaise qualité de l'air.

Prévisible ou pas, la couverture médiatique négative à l'approche des Jeux de Rio suscite le mécontentement chez nombre de Brésiliens. Plusieurs d'entre eux soulignent par ailleurs que le Brésil n'en est pas à sa première expérience du genre, ayant hébergé la Coupe du monde de soccer de 2014.

«Personne n'organise mieux des festivités que le Brésil», estime Denis Eduardo, un agent de voyage de 34 ans originaire de Sao Paulo qui se rendra à Rio à l'occasion des Jeux olympiques.

Les problèmes auxquels fait face le Brésil sont toutefois beaucoup plus grands que ceux survenus dans d'autres pays hôtes des Jeux olympiques. Une crise politique divise la population brésilienne, une polarisation qui pourrait se traduire en grandes manifestations durant l'événement sportif.

C'est d'ailleurs le président brésilien par intérim, Michel Temer, qui donnera le coup d'envoi officiel des Jeux olympiques au cours de la cérémonie d'ouverture, vendredi soir. La présidente Dilma Roussef, qui fait face à une procédure de destitution, ne se présentera pas publiquement.

Les infrastructures du Brésil étaient par ailleurs déficientes avant même que le pays ne s'enlise dans une récession économique. Les effondrements d'édifices sont fréquents. L'approvisionnement en électricité et en eau est également par moments problématiques, et ce, même dans les quartiers aisés.

Une voie cyclable aménagée sur le bord de l'eau s'est effondrée en avril, quelques mois après que le projet eut été inauguré en grande pompe.

La plus grande inquiétude demeure néanmoins la sécurité. Une dizaine d'hommes ayant manifesté leur allégeance au groupe État islamique ont été arrêtés dans les dernières semaines au Brésil. Rien n'indique cependant que ceux-ci avaient préparé un plan pour orchestrer une attaque terroriste.

Un total de 85 000 policiers et soldats seront déployés durant les Jeux olympiques de Rio, selon les autorités brésiliennes, soit le double des effectifs déployés à Londres lors des Jeux de 2012.