La mère de Mirela Rahneva n'était pas très enchantée par le choix de carrière de sa fille.

Entre l'athlétisme, le rugby et le bobsleigh, Rahneva a finalement choisi le skeleton - un sport où les athlètes foncent tête première afin de dévaler une piste glacée à haute vitesse, couchés à plat ventre sur un traîneau qui n'offre aucune protection supplémentaire.

«(Ma mère) m'a supporté, a affirmé Rahneva. C'était toujours effrayant pour elle, mais elle a regardé chacune de mes courses.»

Âgée de 29 ans, l'athlète ontarienne en sera à sa toute première participation aux Jeux olympiques, à l'épreuve féminine de skeleton à PyeongChang. Elle aura cependant une pensée spéciale pour sa mère, Valentina, qui s'est éteinte en juin, à 53 ans, après une longue bataille contre le cancer.

«Elle était tellement forte, s'est remémorée Rahneva, la voix chancelante lors d'une récente entrevue. Elle était la femme la plus forte que je connaisse. Elle était très courageuse.

«Elle était capable de mettre en lumière les forces des autres et leurs bons côtés. Elle était extrêmement gentille, extrêmement forte, brave et attentionnée.»

À la recherche d'une façon d'honorer la mémoire de sa mère, qui n'a pas hésité à quitter sa Bulgarie natale en 1997 pour permettre à ses trois filles d'avoir un meilleur avenir, elle a fait appel à l'artiste de Calgary Shane Haltman cet été.

«Nous sommes allés prendre un café et je lui ai raconté que ma mère était décédée récemment... Je me suis mise à pleurer, a relaté Rahneva. Il m'a partagé quelques histoires et il y a tout de suite eu une connexion entre nous. Il m'a dit: "Pourquoi on ne rendrait pas hommage à ta mère par le biais de ton casque? Elle pourra être à tes côtés à chacune de tes descentes." C'était difficile pour moi qu'elle ne puisse pas être présente cette année.

«Nous avons parlé d'une guerrière. Ma mère en était une. Elle s'est battue contre le cancer durant 17 ans.»

Haltman n'avait jamais travaillé avec une athlète de haut niveau auparavant, mais était flatté de pouvoir collaborer sur ce projet qui allait mettre de l'avant la mère de Rahneva, une ancienne sprinteuse d'élite junior.

«Ce n'est pas tous les jours que tu es confronté à ce genre d'histoire, a admis Haltman. Ç'a m'a touché profondément, et ça vient directement rejoindre mon art.

«Nous étions faits pour nous rencontrer, d'une façon ou d'une autre.»

Lors de la première rencontre, Rahneva a présenté à l'artiste une photo tirée d'une oeuvre d'art urbaine où l'on aperçoit une femme en forme d'arbre. Cette oeuvre lui avait vraiment plu lorsqu'elle avait fait des recherches sur internet.

Haltman a été renversé.

«Je me disais que j'avais déjà vu ça quelque part, a-t-il expliqué. J'avais pris des photos de plusieurs murales (au Mexique). L'une d'entre elles était exactement celle qu'elle venait de me montrer.

«Je me suis alors dit que tout ceci était un peu fou.»

Le casque, qui a pris trois mois à compléter, n'est pas seulement dédié à la mère de Rahneva, mais retrace également l'histoire de la jeune athlète et son cheminement de vie jusqu'à présent.

«À l'arrière du casque, il y a une petite guerrière qui prie et c'est un arbre, parce que j'aime les arbres, a montré Rahneva. Ça représente ma mère, puisqu'elle est toujours dans mon esprit.

«En avant, il y a un orignal blanc... c'est un peu comme mon animal totem. J'aime le voir comme étant mon côté profondément canadien. Et sur le menton, c'est une rose bulgare.

«Sur le côté, on peut voir une petite lune. Ma mère et moi on se disait toujours: "On s'aime plus gros que la lune". Et de l'autre côté, il y a le ruban rose du cancer du sein. Il y a beaucoup de choses. Le casque est tout simplement incroyable. Je suis très, très contente du résultat.»

Haltman a également tenu à mettre l'emphase sur la beauté du sport choisi par Rahneva.

«Il y a du mouvement, a-t-il précisé. C'est rapide, on a l'impression que ça glisse. Les éléments abstraits apportent cette dimension.»

Après une première saison extraordinaire sur le circuit de la Coupe du monde en 2016-17, Rahneva est grimpée sur le podium à quatre reprises, dont une victoire à sa cinquième course seulement, terminant au troisième rang du classement général.

«Elle a simplement explosé, a commenté le directeur des programmes de haut niveau chez Bobsleigh Canada Skeleton, Chris Le Bihan. Est-ce que c'était planifié? Est-ce que nous pensions que c'était ce qui allait se produire? Non. Est-ce que nous étions surpris? Non.»

Elle a toutefois connu quelques ennuis cette année. Elle a terminé à trois reprises au quatrième rang et a décroché une médaille de bronze, terminant au huitième rang total. Rahneva devrait néanmoins être de taille pour affronter les meilleures athlètes du monde lorsque les compétitions de skeleton débuteront le 16 février en Corée du Sud.

«J'ai eu une première saison de rêve, a affirmé l'athlète ontarienne. J'essaie simplement de ne pas trop mettre la barre haute et je veux simplement bien faire.»

Et c'est avec sa mère, dans ses pensées et sur son casque, qu'elle amorcera l'aventure olympique sur les pistes, à PyeongChang.

«Ça me permet de me rappeler qu'elle est avec moi en tout temps.»