Il y a un mois, Jasey-Jay Anderson était prêt à prendre sa retraite. Puis, après avoir déployé des efforts surhumains au tournant de la nouvelle année pour améliorer ses planches à neige, une lueur d'espoir est apparue.

«Ça arrive drôlement, soit un mois avant les jeux, mais je dois admettre que j'ai aussi forcé un peu le destin, a-t-il confié. J'ai dû faire des courses que je n'avais pas planifié, comme par exemple en Autriche - j'ai acheté mon billet d'avion peut-être une semaine avant. Je partais le jour de l'An et je revenais trois jours plus tard.

«J'avais construit quelque chose de nouveau et je voulais le tester, a-t-il poursuivi, une lueur dans les yeux. Ça ne se voit pas dans les résultats, mais j'ai ressenti quelque chose de particulier. Ensuite, je l'ai modifié et remodelé, puis j'ai réussi un top-13 à Rogla, et après quelques petits ajustements on a vu à Bansko comment tout avait changé.»

C'est là, en Bulgarie, vers la fin du mois de janvier, que le planchiste a signé sa première victoire en huit ans sur le circuit de la Coupe du monde.

«Je crois que j'ai mis le doigt sur quelque chose au niveau des montures et de la plaque.... Ç'a fait que l'accélération de la planche, et sa constance, tout a été rehaussé, a-t-il dit, visiblement optimiste.

«Entre Rogla et Bansko, j'ai eu trois jours d'entraînement pour m'adapter au nouvel équipement, a-t-il expliqué. [...] Après Rogla, j'ai envoyé un texto à un de mes amis et je lui ai dit: 'Je suis prêt, ça s'en vient [la victoire]'. Et c'est arrivé [à Bansko].»

C'est donc dans ces circonstances que La Presse canadienne l'a rencontré par un bel après-midi ensoleillé mardi au chalet du Parc à neige Phoenix. Anderson souriait à pleines dents, confiant de pouvoir causer un coup d'éclat lors du slalom géant en parallèle, à compter de jeudi, aux Jeux olympiques de PyeongChang.

«Je teste toujours mes planches avant une compétition, et c'est ce que je faisais aujourd'hui; j'ai testé deux équipements différents pour voir ce qui serait le plus propice à cette neige-là», a dit celui qui croit toujours que l'équipement joue un rôle plus important que la forme physique dans les résultats des athlètes.

«Aujourd'hui, c'était une bonne journée. Dans mon arsenal de plaques, il y en a une qui fonctionnait mieux que celle avec laquelle j'ai gagné [à Bansko]», a-t-il assuré.

Anderson croit d'ailleurs que ses récentes découvertes auront un impact sur le niveau de confiance avec lequel il entreprendra l'épreuve olympique.

«Quand tu commences ta course avec un équipement qui est meilleur que celui des autres - disons 2% mieux -, tu as déjà un avantage, a-t-il expliqué. Et si tu trouves quelque chose d'encore mieux, comme ç'a été le cas aujourd'hui, et bien tu te donnes une autre longueur d'avance. Tout ça joue sur ton niveau de confiance, parce que cette confiance là ne tombe pas du ciel, il faut qu'elle soit basée sur quelque chose.»

Anderson est donc gonflé à bloc. Au point où il croit même être dans de meilleures dispositions qu'à Vancouver, en 2010, où il avait pourtant remporté l'or.

«Ce sont les Jeux où je suis le mieux préparé, en six Jeux, a-t-il dit, sans détour. J'ai toujours été sous-équipé. Même à Vancouver, j'étais à quelques jours près d'avoir trouvé ma recette. Ici, j'étais à un mois et je ne fais que la raffiner [la recette]. Mes découvertes sont arrivées juste à temps, avec un timing parfait. J'espère juste pouvoir maximiser mes feelings et qu'ils se concrétisent en résultats palpables. J'étais en arrière, et là j'espère être en avance.»

Un tour d'honneur

Peu importe le résultat qu'il obtiendra, Anderson réécrira l'histoire aux Jeux de Pyeongchang en 2018. À 42 ans, il deviendra alors le premier athlète canadien à participer à six Jeux olympiques d'hiver.

Le planchiste de Mont-Tremblant deviendra aussi le seul athlète à avoir participé à tous les Jeux depuis que le surf des neiges a été admis aux Olympiques, il y a 20 ans, à Nagano, au Japon. De quoi lui donner un coup de vieux.

«À 42 ans, je sais maintenant que j'ai besoin d'un certain niveau de sommeil, de bien me nourrir, de faire des étirements - c'est impossible d'être à ce niveau-ci à mon âge sans le faire -, et j'ai négligé tout ça pour être certain d'avoir le bon équipement, a-t-il confié. Ici, j'essaie de tout rattraper, mais je sais que j'ai plus que ce que je souhaitais sous mes pieds.»

Alors, est-ce que ce seront ses derniers Jeux?

«J'ai appris à ne plus répondre à ça. Ça te prend un but, et honnêtement il y a un mois j'aurais pu mettre un terme à ma carrière et j'aurais été comblé. Mais je continue, c'est comme mon tour d'honneur. J'ai encore des choses à tester, donc je vais continuer la saison prochaine. Pour la Chine (en 2022), je ne dis pas non, mais je ne dis certainement pas oui», a-t-il conclu en s'esclaffant.