Yuzuru Hanyu se déplaçait avec des béquilles à la suite d'une sérieuse blessure à la cheville lorsque son entraîneur Brian Orser a demandé au champion olympique de 2014 quel était son objectif pour 2018.

«Gagner de nouveau aux Jeux olympiques», a répondu Hanyu.

Mission réussie - mais non sans inquiétudes en route vers PyeongChang.

Le 10 novembre, Hanyu a déclaré forfait pour le Trophée NHK en raison d'une grave blessure à la cheville. Il devait rester à l'écart de la patinoire jusqu'en janvier et n'a même pas exécuté de quadruple sauts jusqu'à quelques semaines avant les jeux.

Mais Orser et Tracy Wilson, l'autre entraîneuse du Japonais, ont établi un plan qui s'est révélé payant.

«Nous lui avons dit que nous irions pour le doublé, mais sans chercher à battre les records», a expliqué Orser, dimanche, avant d'entreprendre le travail avec ses deux patineuses aux Jeux olympiques, la Canadienne Gabrielle Daleman et la Kazakhe Elizabet Tursynbaeva. Fais confiance à ton entraînement.

«Yuzu s'est présenté ici pour son premier entraînement et c'était devant plusieurs membres des médias, comme vous pouvez l'imaginer. Personne n'avait entendu parler de sa condition physique, c'était top secret pour de bonnes raisons. Il devait guérir correctement. Pour ce premier entraînement, nous lui avons demandé de s'entraîner 10 à 15 minutes. À un certain moment, il devait réaliser des figures imposées. Nous ne voulions pas montrer aux autres qu'il était prêt. Nous avons donc opté pour une approche simple à l'entraînement. J'ai appris il y a longtemps, quand je patinais, que vous n'avez pas à gagner tous les entraînements.»

Cette approche allait à l'encontre de la façon dont Hanyu s'est souvent préparé. Mais Orser estimait que cette approche prudente, mais constante était essentielle. Il ne voulait pas que Hanyu perde sa confiance à cause d'un entraînement plus intense qui compromettrait son rétablissement.

Mais Orser a également eu des doutes sur la façon dont les choses se passeraient en Corée du Sud.

«J'avais surtout des doutes sur le temps que nous avions à notre disposition, a-t-il dit. Vous voulez prendre votre temps et élaborer des stratégies sur ce que nous voulons faire sur la patinoire. J'ai dit à Yuzu que nous ne devions pas précipiter les choses et qu'il devait écouter son corps. J'ai dit à Tracy: "Comment allons-nous faire puisque nous avons si peu de temps ?"»

Puis Hanyu a démontré ses qualités de champion.

«Tout d'un coup, il a changé de vitesse, a ajouté Orser. Nous créons l'environnement, c'est tout ce que nous pouvons faire jusqu'à ce que le patineur ait récupéré.»

Si Hanyu avait besoin d'une motivation supplémentaire pour le pousser, tout ce qu'il avait à faire était de regarder sur la patinoire d'entraînement à Toronto, où l'autre patineur d'Orser, l'Espagnol Javier Fernandez, préparait de superbes programmes.

«Yuzu n'a jamais été excessivement enthousiaste, a déclaré Orser. Mais il a compris ce que nous devions faire. Et il y a quelques semaines, j'ai réalisé qu'il serait prêt.»

Orser croit que la blessure et la rééducation de Hanyu l'ont aidé à être plus détendu. Quand il a tenu sa première conférence de presse à Gangneung, il était enjoué, drôle - même charmant, une facette de sa personnalité qu'il n'avait pas souvent démontrée. Il a terminé sa rencontre en remerciant tout le monde - en cinq langues.

«C'est la première fois que nous avons vu ce sens de l'humour de sa part», a noté Orser.

Orser croit que Hanyu, âgé de 23 ans, pourrait revenir pour les Jeux olympiques de 2022 au Japon, même s'il n'en a pas encore discuté avec le premier patineur masculin depuis Dick Button en 1952 à conserver son titre de champion olympique. Mais avec ce que Hanyu a traversé pour s'assurer sa deuxième médaille d'or, poursuivre l'aventure pendant encore quatre ans pourrait ne pas être sa préférence.