Il n'y aura probablement pas pire scénario pour les patineurs de vitesse courte piste canadiens pendant les Jeux olympiques de PyeongChang que s'ils se retrouvent en finale contre deux ou trois patineurs sud-coréens.

La Corée du Sud ne terminera pas dans le groupe de tête au tableau des médailles pendant la quinzaine chez elle, mais son étoile brillera le plus fort au Palais des glaces de Gangneung. Les patineurs sud-coréens ont accumulé 36 médailles lors des quatre manches de la Coupe du monde cette saison, grâce notamment au brio des jeunes sensations Choi Min-Jeong chez les dames et Hwang Dae-Heon chez les messieurs.

Historiquement, la Corée du Sud a gagné 21 de ses 26 médailles d'or aux Jeux d'hiver en patinage de vitesse courte piste, et 42 de ses 53 médailles lors d'olympiades d'hiver.

Si les patineurs canadiens veulent arracher quelques médailles aux Sud-Coréens, ils voudront éviter des scénarios où leurs patineurs rivaux pourront travailler en équipe pour les bloquer.

«Les pays asiatiques sont réputés pour ça, a reconnu Charles Hamelin, de Sainte-Julie. S'ils sont deux ou trois dans une course, il faut s'attendre à un jeu d'équipe. Il y en a un qui est désigné pour gagner et les autres vont travailler pour lui.

«Il ne faut pas se le cacher parce que c'est là que tu te fais avoir. C'est plus difficile de travailler contre trois patineurs qu'un seul.»

«Il n'y a pas que les Coréennes à surveiller, mais aussi les Chinoises, a récemment indiqué l'entraîneur de l'équipe féminine, Frédéric Blackburn. L'entraîneur va leur demander de se placer devant et de tout faire pour empêcher l'autre de passer. C'est comme ça. Entre nous, on appelle ça des «chinoiseries'. C'est une possibilité. Chez les Coréennes, les filles sont plus compétitrices entre elles et on le voit un peu moins.»

Différentes approches pourraient permettre aux patineurs canadiens de s'en sortir.

«Tu peux essayer de briser le rythme des trois patineurs, a expliqué Hamelin, qui a déjà quatre médailles olympiques à son palmarès, dont trois d'or, et qui en sera à ses derniers jeux. Tu peux aussi garder ton énergie pour la fin et essayer de te faufiler grâce à des dépassements audacieux. Ou encore, tu peux essayer de t'imposer à l'avant et de simplement les battre grâce à ta force et ton endurance.»

Le plus important selon Kim Boutin et Samuel Girard, qui en seront à leurs premiers jeux, c'est d'éviter de changer complètement son approche en raison de cette situation.

«Je vais aborder la course de la même façon, a insisté Girard, de Ferland-et-Boilleau. C'est certain qu'ils vont vouloir des médailles devant leurs partisans, mais en courte piste, tu ne peux pas sortir de ta zone de confort, sinon tu vas te faire avoir. Je vais garder la même approche qu'en Coupe du monde ou aux Championnats du monde.»

«J'aime patiner à l'avant, a noté Boutin, de Sherbrooke. Je vais toujours tenter de contrer le mur coréen en faisant ce que j'aime. Je ne pense pas que de me concentrer sur elles va m'aider. Depuis un an, nous concentrons notre travail sur nos forces. Oui, nous allons devoir nous battre contre les Coréennes, mais la nationalité de mes rivales m'importe peu.»

Mais ce qui est bon pour une équipe peut l'être aussi pour une autre. Boutin a d'ailleurs mentionné qu'elle avait récemment commencer à travailler avec ses coéquipières Valérie Maltais et Marianne St-Gelais lors de certaines courses pour maximiser leurs chances de monter sur le podium.

Les patineurs canadiens découvriront rapidement les intentions de leurs rivaux sud-coréens alors que les premières épreuves de patinage de vitesse courte piste seront présentées samedi. Les femmes participeront aux qualifications du 500 mètres et du relais 3000 mètres, tandis que les premières médailles seront remises à la suite de la présentation de la finale du 1500 mètres messieurs.