Une délégation nord-coréenne est arrivée dimanche à Séoul pour inspecter des sites et préparer des manifestations culturelles prévues lors des Jeux olympiques d'hiver, marquant la première visite au Sud en quatre ans de responsables de Pyongyang.

Les télévisions sud-coréennes ont montré un groupe de sept personnes en train de traverser dans des autocars la frontière entre les deux pays avant d'arriver à la gare ferroviaire de Séoul une heure plus tard.

Encadrée par des centaines d'agents de la police sud-coréenne, la délégation a été vue descendant de l'autocar avant de monter dans un train à destination de la ville de Gangneung, dans l'est du pays, l'un des deux sites des JO (9-25 février) avec PyeongChang.

Le groupe était emmené par Hyon Song-Wol, leader de Moranbong, un groupe de pop entièrement féminin très populaire en Corée du Nord.

Mme Hyon, qui a la réputation d'avoir été une petite amie du numéro un nord-coréen Kim Jong-Un, était vêtue d'un manteau noir et d'un cache-col en fourrure lorsqu'elle est montée à bord du train sans s'adresser à la foule de journalistes présents à la gare.

Il s'agit de la première visite au Sud de responsables nord-coréens depuis l'arrivée en mai à la présidence sud-coréenne de Moon Jae-In, élu en prônant une reprise du dialogue avec le Nord.

Cette visite intervient deux semaines après que la Corée du Nord eut accepté de participer aux Jeux olympiques d'hiver lors des premiers pourparlers intercoréens en deux ans.

Skieurs du Sud au Nord

Samedi, le Comité international olympique (CIO) a validé l'accord forgé entre le Nord et le Sud prévoyant que Pyongyang envoie 22 sportifs alignés dans trois sports (ski, hockey sur glace et patinage) pour un total de cinq disciplines, avec en point d'orgue une équipe coréenne unie dans le tournoi dames de hockey sur glace.

Cet accord «ouvre la porte à la coexistence et à la coopération pacifique forgées par le sport», s'est félicité le ministre sud-coréen des Sports, Do Jong-Hwan.

Mesure spectaculaire, mais pas inédite, les deux Corées défileront ensemble lors de la cérémonie d'ouverture, sous le drapeau représentant la péninsule réunifiée, comme ils l'avaient déjà fait en 2000 à Sydney, en 2004 à Athènes et en 2006 à Turin.

Le Nord enverra un orchestre de 140 membres, emmené par Mme Hyon, qui participera pendant les Jeux à deux concerts, l'un à Séoul, l'autre à Gangneung.

Séoul enverra aussi des skieurs dans la station nord-coréenne de Masikryong pour qu'ils s'entraînent avec les sportifs nord-coréens. La Corée du Sud participera par ailleurs à un événement culturel avec le Nord dans la région nord-coréenne du mont Kumgang.

La délégation nord-coréenne en visite au Sud devait inspecter dimanche les sites olympiques de Gangneung, avant de se rendre dans d'autres sites à Séoul lundi.

La Corée du Sud et le Comité d'organisation des JO (Pocog) ont présenté cet événement comme des «Jeux de la Paix» à même de contribuer à apaiser le climat entre les deux ennemis de la péninsule coréenne, qui sont toujours techniquement en guerre, le conflit de 1950-1953 s'étant terminé sur un armistice, et non sur un traité de paix.

La Corée du Nord a réalisé trois essais nucléaires en deux ans et a multiplié les essais de missiles. La situation s'est également envenimée du fait de la surenchère d'attaques personnelles et d'insultes entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et le président américain Donald Trump.

Après avoir pendant des mois superbement ignoré les invitations du Sud à venir aux JO, M. Kim a surpris tout le monde le 1er janvier en évoquant la participation de ses athlètes.

Mais ce rapprochement ne s'est pas fait sans susciter la controverse au Sud, notamment au sujet de l'équipe unifiée de hockey. Certains accusent M. Moon de priver au nom de la politique des sportives sud-coréennes d'une possibilité de concourir aux Jeux.

Des dizaines de personnes ont signé une pétition demandant au président sud-coréen de renoncer à ce projet d'équipe unique.

«Il y a seulement un mois ou deux, la péninsule coréenne faisait face à des craintes de guerre sans précédent», a justifié dimanche la présidence. «Mais la participation du Nord nous rend confiants de pouvoir, au moins, célébrer l'événement en paix».