Malgré leur rang d'outsiders, Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik seront parmi les patineurs les plus attendus des Jeux Olympiques 2018, premiers Nord-Coréens sportivement qualifiés pour les Jeux olympiques de PyeongChang.

«J'aimerais que les gens ne parlent que de leurs qualités de patineurs», explique à l'AFP l'entraîneur canadien Bruno Marcotte qui a travaillé avec eux à Montréal, durant huit semaines, l'été dernier, loin des considérations politiques et diplomatiques.

Mais Ryom, 18 ans, et Kim, 25 ans, ne sont pas des patineurs comme les autres: ils sont les représentants du régime de Pyongyang les mieux placés pour participer aux Jeux 2018 qui auront lieu en Corée du Sud, officiellement toujours en guerre avec l'autre Corée.

Ils ont décroché leur visa pour PyeongChang (9-25 février) en terminant 6e du trophée Nebelhorn à Oberstdorf (Allemagne) en septembre, mais le comité olympique nord-coréen a laissé passer la date-limite pour leur inscription.

Il appartient maintenant au Comité international olympique (CIO) de les repêcher. «Il semble qu'il y ait une dynamique en leur faveur pour qu'ils puissent participer», se félicite Marcotte, en marge des Championnats du Canada qui se tiennent jusqu'à samedi à Vancouver.

L'expérimenté entraîneur canadien ne tarit pas d'éloges sur ses protégés, médaillés de bronze des Jeux asiatiques d'hiver en 2017 à Sapporo (Japon).

«Ce sont des patineurs au style classique qui aiment la musique moderne, c'est un bon compromis, ils sont très charismatiques, produisent beaucoup d'émotion et ont une très grande complicité», insiste-t-il.

C'est Marcotte qui est indirectement à l'origine de cette collaboration: «Quand je les ai vus lors des Jeux asiatiques, ils m'ont "tapé" dans l'oeil et je leur ai dit qu'ils avaient beaucoup de potentiel», explique-t-il.

Du Pilates pour se renforcer

Quelques semaines plus tard, lors des Championnats du monde 2017 à Helsinki où Ryom et Kim se classent 15e, un dirigeant de la Fédération nord-coréenne de patinage artistique l'approche pour discuter de l'éventualité d'organiser un stage au Canada.

Pendant huit semaines entre juin et août, le couple qui patine ensemble depuis trois ans, a vécu à Montréal et travaillé notamment ses chorégraphies sous le regard de Marcotte.

Accompagnés d'un entraîneur et d'un responsable de leur fédération - un ancien patineur en charge de la traduction -, ils partagent l'entraînement des doubles champions du monde canadiens Meagan Duhamel et Eric Radford.

«Ils sont comme nous: ils se réveillent et vont l'entraînement, ils veulent être les meilleurs possibles et représenter au mieux leur pays», insiste Meagan Duhamel, par ailleurs épouse de Marcotte.

«Ils voulaient voir comment on travaillait, comment on s'entraînait hors de la glace: comme ils voulaient se renforcer [physiquement], je les amenais faire du Pilates avec moi. Ils étaient très enthousiastes, ils ont vraiment travaillé très, très dur», souligne la vice-championne olympique 2014 par équipes.

«Ils ont aimé le Canada, j'espère qu'ils reviendront», renchérit Marcotte qui entraîne par ailleurs un couple sud-coréen, Kim Kyu-eun et Alex Kam, et estime que le duo nord-coréen a le potentiel pour s'installer à terme dans le top 10 mondial.

«Ils sont jeunes, ils ont envie d'apprendre, ils doivent encore être plus rapides, mais tout est possible pour eux», constate-t-il, avec appétit.