Don Cherry a encore frappé. Le nom du coloré animateur est rapidement devenu l'un des mots clics les plus populaires au pays sur Twitter, samedi soir, peu après qu'il a mentionné que la place des femmes journalistes n'était pas dans le vestiaire des joueurs de hockey.

«Je pense, et je le crois vraiment, que les femmes ne devraient pas se trouver dans le vestiaire», a lancé Don Cherry devant les caméras de l'émission Coach's Corner, sur la chaine CBC. Il tentait ainsi de venir au secours de son bon copain (good buddy) Duncan Keith, des Blackhawks de Chicago, dans l'eau chaude pour avoir prononcé des propos jugés sexistes lundi.

Après avoir poussé un long soupir, son fidèle co-animateur, Ron MacLean, a défendu une opinion opposée. Selon la CBC, cette joute verbale entre les deux commentateurs a suffi pour contrebalancer les propos de Don Cherry. «Ça vaut la peine de souligner le fait que Ron a donné un point de vue contraire», a répondu le directeur des relations médias de CBC, Chuck Thompson, quand La Presse lui a demandé si la chaine envisageait des actions disciplinaires contre l'homme aux habits colorés. «Don a des opinions tranchées sur une série de thèmes, et il ne parle pas au nom de CBC.»

Reste que son commentaire en a - encore une fois - dérangé plus d'un. Des collègues de CBC se sont dits gênés de ses propos, en s'excusant en son nom. Des journalistes sportifs, hommes comme femmes, ont condamné les paroles. D'autres, des amateurs de hockey ceux-là, ont carrément réclamé le renvoi de l'animateur.

Plusieurs en ont également profité pour insulter l'intelligence de Don Cherry, qui n'en est pas à ses premières frasques. La journaliste Kathleen Lavoie, qui suit le hockey pour le journal Le Soleil, a dénoncé des propos «déconnectés» selon elle. «Ça fait très longtemps que Don Cherry n'est pas entré dans un vestiaire après une partie», a-t-elle lancé en riant. «Les vestiaires sont détachés des douches, ce n'est vraiment plus comme avant, quand les joueurs arrivaient avec leur serviette autour de la taille. Je n'ai jamais vu une paire de fesses dans un vestiaire!» Andrée-Anne Barbeau, qui couvre le hockey junior depuis six ans, a de son côté évoqué un commentaire qui n'est pas du tout de son époque. «On n'est plus là, le milieu du hockey a évolué», a-t-elle observé. «Les entraineurs et les directeurs sont accommodants. Je m'explique mal ce genre de commentaire en 2013. Pourquoi ramener ça maintenant?»

Il faut dire que Don Cherry a fait de la controverse, et de son style vestimentaire, sa marque de commerce. Certains se souviendront d'une sortie, il y a quelques années, à propos des femmes touchées par des rondelles dans les estrades. «J'ai vu des rondelles frapper fort. Et ce sont toujours des femmes, qui jacassent dans les estrades», avait-il lancé. Il a poussé l'audace un peu plus loin, samedi, en affirmant que les femmes étaient «au-dessus» des hommes, «placées sur un piédestal». «Elles ne devraient pas entrer dans la chambre quand on y trouve des joueurs nus. Tu sais qu'il y en a qui en profitent», a-t-il dit à Ron MacLean, qui cachait mal son malaise. «Oui, les femmes devraient aller dans le vestiaire», a répondu ce dernier. «L'égalité des chances doit être la même, comme dans tous les emplois. Je pense que plusieurs hommes en profitent, et qu'ils sont sexistes.»