On ne reverra pas de sitôt Georges Laraque sur les ondes de TVA Sports. L'ancien homme fort du Canadien a décidé de quitter la chaîne sportive pour se consacrer à son rôle de président du syndicat des joueurs de la Ligue canadienne de hockey (LCH).

Laraque aurait aimé continuer à remplir son boulot d'analyste, raconte-t-il, mais les patrons de TVA Sports lui ont demandé de faire un choix. On lui aurait expliqué la semaine dernière que ses nouvelles fonctions indisposaient puisque Québecor, qui possède TVA, détient aussi 70% de l'Armada de Blainville-Boisbriand. C'était soit le syndicat, soit la télé. Et Laraque n'a pas hésité à «choisir les jeunes».

«Ils m'ont dit que c'était un conflit d'intérêts puisqu'ils sont propriétaires d'une équipe junior. J'aurais aimé faire les deux, mais il fallait que je choisisse l'un ou l'autre, a raconté Laraque à La Presse hier. Et moi, franchement, entre aider des jeunes de 16 à 20 ans et commenter le sport à la télé, je choisis les jeunes.»

Il se doutait que son rôle d'analyste pourrait être remis en cause lorsqu'il a accepté de devenir président du nouveau syndicat. «Québecor est propriétaire d'une équipe junior. Et Québecor et les syndicats... Avec ce qui est arrivé au Journal de Montréal (conflit de travail de plus de deux ans, NDLR), on ne peut pas être trop surpris qu'un gars qui travaille pour eux et un syndicat, ils n'auraient pas aimé ça!

«Mais le sort des jeunes est plus important à mes yeux. Des fois, dans la vie, c'est pas juste l'argent, il y a l'éthique et le coeur, dit-il. C'est ce que j'ai fait et si c'était à recommencer, je prendrais la même décision.»

Un syndicat en suspens

L'ancien joueur originaire de Montréal précise qu'il a fait ce choix sans aucune garantie que le syndicat voie le jour. Les propriétaires d'équipe se sont montrés hostiles à sa création. L'organisation est encore à fignoler quelques détails légaux et pourrait toujours dérailler.

À terme, elle espère représenter les 1300 joueurs juniors du Canada: ceux de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, de la Ligue de hockey de l'Ontario et de celle de l'Ouest. On ne connaît pas bien les acteurs derrière ce projet; mis à part Georges Laraque, seul l'agent de joueurs Gilles Lupien et l'énigmatique Derek Clarke y ont été liés.

«Le monde doit comprendre que je n'ai pas postulé pour avoir ce travail-là. Je n'ai pas envoyé mon CV. La vérité, c'est qu'ils ont demandé à plusieurs personnes, qui ont décliné. Pourquoi ils ne voulaient pas? Parce que le monde ne voulait pas se faire critiquer, ne voulait pas se mouiller pour les jeunes.»

«Des gens disent que ça va tuer le hockey junior. Franchement, le seul message de l'association, c'est l'éducation, c'est d'améliorer le sort des jeunes qui ne se rendront pas dans la Ligue nationale, assure Georges Laraque. Personne n'a parlé de millions, personne n'a parlé de lock-out, personne n'a parlé de tuer d'équipe junior. Le monde dit n'importe quoi, c'est fou.»