On a eu droit à trois bonnes entrevues la semaine dernière. L'une avec Claude Brochu, par Jacques Thériault, une deuxième avec Jacques Demers, par Patrick Lagacé, et une autre de Pat Burns, par Scott Morrison. Une belle semaine de propos parfois révélateurs et de confidences par moments émouvantes. De la bonne radio et de la bonne télé.

Les propos tenus par Claude Brochu à l'émission Gérants d'estrades, à CKAC, premiers aveux officiels sur le sujet par un (ex) propriétaire, ont confirmé une évidence: les dirigeants des équipes et du baseball majeur savaient très bien que les drogues de performance étaient en vogue dans les années 90, mais jouaient à l'autruche et imposaient l'omerta.

«On le savait, mais nous étions impuissants. Le syndicat des joueurs avait décidé que nous ne pouvions pas faire de tests... Personne ne parlait car ce n'était pas illégal... Avec les gros salaires, les joueurs essayaient tout pour performer... Je crois que ça faisait l'affaire des autorités. Ç'a sauvé les saisons 1995-1996, après le lockout... Les partisans recherchent une équipe gagnante... Je ne crois pas que le dopage représente un problème pour bon nombre d'entre eux.»

Claude Brochu ne pense pas que l'on doive bannir les joueurs coupables de dopage durant cette période: «Ce n'était pas illégal. Aujourd'hui, ça l'est.» Cette entrevue a aussi été traduite et commentée sur espn.com par le chroniqueur Rob Neyer.

Par ailleurs, sans mentionner le Canadien, Claude Brochu a soutenu qu'il n'est pas bon de congédier un instructeur s'il n'a pas à sa disposition les éléments pour gagner. «J'aurais tendance à regarder si mon entraîneur a le potentiel de gagner lorsque l'équipe sera talentueuse.»

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Mercredi, Patrick Lagacé accueillait Jacques Demers aux Francs-tireurs, à Télé-Québec. Que pouvait-il dire que l'on ne sache pas déjà? Mais Patrick Lagacé a posé les bonnes questions, au bon moment. Il s'est mis en mode écoute, ce qui, souvent, inspire les meilleures questions. Comme toujours, Jacques Demers s'est confié avec beaucoup de franchise et d'émotion, révélant certains détails nouveaux sur une vie pas toujours facile, fier aujourd'hui de sa réussite. Du matériel pour un bon téléfilm. Tiens, pourquoi pas?

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Samedi, à l'avant-match de CBC, Elliot Friedman a posé les vraies questions à Bob Gainey et Mike Komisarek, Jacques Demers a osé faire un rapprochement entre Saku Koivu et Steve Yzerman, mais je retiens surtout la rencontre de Scott Morrison et Pat Burns en Floride. Le coach s'est confié sans pudeur sur la vie avec le cancer, son énergie amoindrie, ses hauts et ses bas, sa carrière, sa passion toujours vibrante pour son ancien métier. On le sentait plus fragile. Un chêne, Pat? Non, un roseau. Il plie, mais ne rompt pas. Et défie la tempête. Comme dans la fable.

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Rumeurs, rumeurs

Ici, je ne peux pas parler de bonne télévision. Jeudi, 110% a frôlé le sensationnalisme en réservant plus de 10 minutes à des rumeurs impliquant des joueurs du Canadien, toutes non vérifiées et non vérifiables, bien sûr. Drogues, viol, coke, mineures, sous-entendait-on. Comment peut-on dénoncer les courriels d'amateurs-potineurs ou les insinuations malsaines de certains membres des médias quand on attise le feu soi-même? Celui qui propage la rumeur est aussi coupable que celui qui l'initie.

Pierre Rinfret cherchait à provoquer, mais les panelistes ont été prudents. Yvon Pedneault s'est vite dissocié du sujet et Jean Perron a joué à «je-sais-tout-mais-je-ne-dirai-rien». P.J.Stock, mal à l'aise, s'est rappelé d'une situation à laquelle son nom avait été associé à tort, et Michel Langevin, faisant référence à un fait vécu, a voulu démontrer à quel point la réalité pouvait être grossièrement déformée. Éric Hoziel, enfin, voulait commenter des faits, pas des rumeurs.