En anglais, on dit «leading questions» pour définir ces questions qui suggèrent une réponse, des questions qui n'en sont pas finalement, souvent sans intonation interrogative, auxquelles l'athlète répondra par un cliché, de façon vague. Elles sont particulièrement fréquentes dans le monde du sport. Des exemples.

Le joueur invité vient de marquer trois buts: «Un tour du chapeau! Tu dois bien se sentir!» Un autre, choisi au sein de l'équipe d'étoiles: «Ça doit te faire plaisir?» Après une victoire facile: «Vous aviez hâte de jouer ce match, vous preniez du plaisir à dominer.» Un réserviste marque deux buts: «Tu ne veux pas retourner sur la passerelle?» À l'auteur du but de la victoire: «Un but important pour toi et l'équipe.» Que peut-on répondre à ces questions banales, sinon des... banalités.

Je regarde du hockey sur toutes les chaînes, canadiennes et américaines. J'y entends les commentateurs, analystes et reporters attitrés de presque toutes les équipes locales. Certains sont payés par l'équipe. Ils ne mordent pas la main qui les nourrit. D'autres se comportent en fans finis, ne relevant jamais une erreur des favoris. Quelques-uns osent parfois, timidement.

Ces «leading questions», je les entends un peu partout. En français et en anglais. Au Canada et aux États-Unis. Souvent posées par des reporters qui approuvent chaque réponse de la tête, buvant chaque parole. Impossible, dira-t-on, de faire une entrevue étoffée quand on dispose de 60 à 90 secondes. Vrai. Raison de plus pour faire l'effort de poser une question plus recherchée, moins insignifiante. C'est faisable.

Question de mentalité sans doute, mais dans ces situations, les joueurs de hockey font preuve d'une collaboration exemplaire. Là où un joueur de la NFL, de la NBA ou du baseball enverrait bêtement « promener « le reporter, les joueurs de hockey répondent poliment, sans impatience apparente. Souvent par un cliché... « suggéré « par la question.

Un avant-match avec du contenu

Samedi, en avant-match du Canadien à la CBC, j'ai écouté la meilleure entrevue de Ron MacLean depuis longtemps. Des questions courtes, précises, auxquelles Paul Kelly, directeur exécutif de l'Association des joueurs de la Ligue nationale, a répondu avec franchise.

Kelly a confirmé, entre autres, qu'il y aurait une Coupe du monde en septembre 2011, affirmé que les joueurs tiennent à prendre part aux Jeux olympiques et que la LNH se penchait sérieusement sur le dossier des bagarres. Les joueurs pourraient-ils rouvrir la convention collective dans un an, comme ils en auront le droit? Possible, selon Kelly.

Dans cet avant-match de 30 minutes, Elliotte Friedman (excellent!) a rencontré le gardien Brian Elliott, Patrice Brisebois, David Branch, commissaire de la Ligue junior de l'Ontario, Trevor Timmins, du Canadien, et Don Lever, des Bulldogs de Hamilton.

En commentaire, P.J. Stock s'est dit non convaincu que le retour des Saku Koivu, Alex Tanguay, Chris Higgins et Georges Laraque aidera à ce point le Canadien si on met de côté des jeunes qui s'affirment comme Max Pacioretti et Matt D'Agostini. Du contenu.