Certains sont d'avis qu'il s'agit d'un autre bluff de Bernie Ecclestone dans le but évidemment de soutirer plus d'argent aux organisateurs. Ils invoquent un programme caché et sont convaincus qu'en décembre, le Grand Prix sera inscrit au calendrier officiel de la prochaine saison.

D'autres croient au contraire que, cette fois, Ecclestone passe aux actes, remplace Montréal par la Turquie et empoche des redevances de beaucoup supérieures. Le grand argentier passé maître dans l'art du chantage n'a rien à faire du fait qu'il reste encore trois ans à l'entente qui semblait garantir la présence du Grand Prix à Montréal jusqu'en 2011.

 

Pierre Houde est assommé, il cherche à comprendre.

«On s'est toujours demandé si Montréal investissait suffisamment pour garder son Grand Prix, mais le fait de le perdre de façon prématurée s'avère d'autant plus renversant, à moins que des clauses échappatoires existent dans le contrat de Normand Legault... Il faudrait savoir si un but caché existe. Cette décision ne respecte pas l'entente ni la logique, puisque ça demeure la seule course en Amérique du Nord. Voilà pourquoi il pourrait y avoir un but caché».

À RDS, Domenic Vanelli, vice-président à la production, est résigné et ne s'attend pas au retour de l'épreuve l'an prochain. «Personne ne s'attendait à ça. Ni même Torto (Christian Tortora) à qui j'ai parlé ce matin (hier matin). Comment dire? On est «sur le cul».»

Mais RDS va continuer de diffuser les courses, quel que soit le contexte, son entente avec la F1 étant encore valable pour trois ans. «Aucune clause ne nous permet d'en sortir si jamais il n'y a pas de course ici. Donc, on n'a pas le choix, on continue, et les résultats de 2009 démontreront si la popularité de la F1 souffrira de l'absence d'une épreuve locale.»

Et que disent les chiffres de 2008 jusqu'à maintenant?

Après 15 courses, les auditoires sont en baisse de 13% par rapport à ceux de 2007, avec une moyenne de 283 000 téléspectateurs. Si l'on ne tient compte que des 12 épreuves européennes, diffusées aux heures traditionnelles du dimanche matin, il y a une régression de 18% avec une moyenne de 248 000 téléspectateurs. L'auditoire de 650 000 du Grand Prix de Montréal en juin dernier, représentait une hausse de 5%, toujours par rapport à 2007.

Bonne cote d'écoute, popularité indéniable auprès des amateurs, des pilotes, des mécanos, de toutes les écuries et des journalistes étrangers, seule épreuve sur le territoire nord-américain, tout ça ne suffit pas. Si cette décision est officialisée en décembre, aucune logique ne la justifiera. Sauf celle de Bernie.