Le renvoi dans les mineures du choix de première ronde en 2013, Michael McCarron, après six camps d'entraînement infructueux, a suscité plusieurs réactions depuis hier.

McCarron s'ajoute à une liste de premiers choix décevants, après Jarred Tinordi (2010), Louis Leblanc (2009) et David Fischer (2006). On pourrait ajouter Nathan Beaulieu (2011), même s'il est toujours dans la LNH. Nikita Scherbak (2014) s'ajoutera peut-être à la liste sous peu.

Or, qu'ont en commun ces six joueurs? Ils ont été repêchés en première ronde, certes, mais tous à compter du 17e rang. McCarron, Tinordi et Scherbak ont tous été repêchés à compter du 20e rang.

Scott Cullen, de TSN, a passé au peigne fin les repêchages de 1990 à 2014. Le taux de succès des joueurs repêchés après le 20e rang chute dramatiquement.

Prenons McCarron. Seulement 12% des espoirs repêchés au 25e rang entre 1990 et 2014 sont devenus des attaquants du top 6, des défenseurs du top 4 ou un gardien numéro 1. Curieusement, le taux passe à 28% au 26e rang, mais en bref, une équipe a une chance sur trois de dénicher un joueur de premier plan si elle repêche après le 20e rang.

Les joueurs repêchés dans le top 3 ont un taux de réussite nettement plus élevé. Plus de 80% des joueurs choisis parmi les trois premiers sont devenus des joueurs d'impact. Jesperi Kotkaniemi, repêché troisième au total en juin, montre tous les indices d'un centre dominant. Alex Galchenyuk, troisième choix au total en 2012, a marqué 30 buts il y a quelques années. Son manque de sérieux à l'extérieur de la glace n'a pas aidé. Au moins, le CH aura obtenu un joueur de premier trio, Max Domi, en retour de ses services.

Le Canadien et Trevor Timmins ont repêché trois autres fois dans le top 12 depuis 2005. Ils ont frappé dans le mille trois fois. Carey Price a constitué le cinquième choix en 2005, Ryan McDonagh le douzième choix en 2007 et Mikhail Sergachev le neuvième choix en 2016. Sergachev a permis d'obtenir Jonathan Drouin.

Le DG Marc Bergevin rappelait avec justesse lors d'une entrevue radiophonique avec Jean-Charles Lajoie la semaine dernière sur les ondes du 91,9 Sports qu'il n'y avait pas une grande différence entre les choix de fin de première ronde et ceux de première moitié de deuxième ronde. Ces espoirs ont tous des défauts aux yeux des recruteurs et les classements peuvent varier beaucoup d'une organisation à l'autre. D'où l'importance de garder ses choix de deuxième ronde.

À cet égard, le CH n'a pas rendu service à Trevor Timmins pendant plusieurs années puisque les dépisteurs ont été privés de choix de deuxième ronde en 2009, 2010*, 2011, 2014, 2015 et 2016.

Des joueurs comme Ryan O'Reilly, Brian Dumoulin, Dmitri Orlov, Tomas Tatar, Justin Faulk, Ryan Spooner, Tyler Toffoli, Jason Zucker, Boone Jenner, John Gibson, Victor Rask, William Karlsson, Nikita Kucherov, Brandon Montour, Christian Dvorak, Sebastian Aho, Brandon Carlo, Daniel Sprong, Jordan Greenway, Vince Dunn, Alex DeBrincat, Samuel Girard, Carter Hart étaient encore disponibles en deuxième ronde ces années où le Canadien ne détenait aucun choix au deuxième tour.

Marc Bergevin l'a finalement compris. Le CH avait trois choix de deuxième ronde en juin, et deux choix de deuxième ronde en 2017. En 2013, le Canadien a perdu son pari avec McCarron, mais Artturi Lehkonen ne serait probablement pas avec le Canadien si l'équipe n'avait pas pu compter sur trois choix de deuxième ronde.

Trevor Timmins a commis des erreurs au fil des années, évidemment. Jarred Tinordi évoluait au sein du même club que Brandon Saad, Bryan Rust, Jason Zucker et Justin Faulk à son année de repêchage. Il a mal évalué son potentiel.

En 2009, Timmins m'avait avoué en entrevue s'être senti forcé de prendre Leblanc lors de ce repêchage présenté au Centre Bell.

«Chris Kreider était mon choix à la place de Louis. On ne m'a jamais forcé à prendre Leblanc, mais on m'a clairement laissé entendre que je devais m'éloigner des espoirs américains issus d'une école secondaire...»

Le Canadien aurait aussi été mieux outillé en défense s'il n'avait pas échangé son choix de première ronde en 2008 pour obtenir Alex Tanguay.

«John Carlson était au septième rang sur notre liste, avait confié Timmins dans cette même interview. Il était toujours disponible au 25e rang. Mais on a échangé ce choix à Calgary la veille du repêchage. Le repêchage avait lieu à Ottawa, dans ma ville d'origine, toute ma famille y était et nous n'avions pas de choix de premier tour. J'avais envie de me cogner la tête sur la table... de lancer mon crayon.»

Peut-être, effectivement, Timmins a-t-il pu se sentir coincé par les impératifs de la haute direction. Par contre, entre 2008 et 2015, le nombre de perles dénichées dans les rondes plus tardives a diminué comparativement à la période entre 2003 et 2007. Il y a tout de même eu Charles Hudon en cinquième ronde en 2012 et Brendan Gallagher en cinquième ronde en 2010. 

Les derniers repêchages promettent davantage à ce chapitre. Victor Mete, repêché en quatrième ronde en 2016, est déjà un défenseur d'impact. Le gardien Cayden Primeau, un choix de septième ronde en 2017, montre de grandes promesses. Cole Fonstad et Jordan Harris pourraient constituer les surprises de 2018.  

Le Canadien nous présente un camp d'entraînement fort intéressant, le plus excitant depuis longtemps. Le noyau à l'attaque sera très jeune, avec sept ou huit joueurs de 26 ans ou moins dans son top 9. Mete, 20 ans, et Noah Juulsen, 21 ans, un choix de première ronde en 2016, semblent désormais bien implantés en défense. 

Avec un noyau si jeune et prometteur, sans oublier les Suzuki, Poehling, Olofsson, Ylolen, Romanov, Brook qui s'amèneront d'ici un an ou deux, les dépisteurs du CH sont loin d'être si mauvais. 

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* Ce choix a par contre été échangé à la demande des dépisteurs pour devancer son rang de sélection et repêcher Tinordi.