Les Golden Knights viennent de fournir le prétexte parfait à certaines organisations de la LNH de justifier les failles dans leur formation.

Combien de fois avons-nous entendu des gestionnaires citer Vegas en exemple ces derniers mois? La citation se traduisait souvent comme celle-ci: «Les Golden Knights n'avaient pas de vedettes, mais des joueurs sous-estimés, affamés, qui jouent en équipe. Si Vegas l'a fait, pourquoi pas nous?»

Montréal, évidemment, se retrouve parmi ces équipes à lorgner le succès de Vegas. Mais il apparaît important, ici, de remettre des choses dans leur contexte.

Finalistes de la Coupe Stanley, les Golden Knights de Vegas ont provoqué la plus grande surprise de l'histoire du hockey après le «Miracle on Ice», cette victoire de l'équipe olympique américaine aux Jeux olympiques de Lake Placid en 1980.

Or, il eut été étonnant que des pays comme le Canada, la Suède ou la Finlande reprennent le modèle des Américains en espérant gagner à leur tour l'or. Il s'agissait d'un exploit unique dans les annales du sport.

Les Golden Knights de Vegas étaient constitués d'une bande de joueurs sous-estimés, affamés et soucieux du jeu collectif. Il s'agissait néanmoins d'une fraction de l'équation.

Les recruteurs de l'équipe ont fait un extraordinaire travail d'évaluation pour sélectionner les joueurs les plus aptes à réussir dans le nouveau contexte de la LNH. L'intelligence et la vitesse demeuraient deux éléments incontournables.

L'entraîneur, Gerard Gallant, a mis au point un système de jeu favorisant une relance de l'attaque efficace, un travail dans les trois zones en unités de cinq.

Pressenti à titre de premier centre de l'équipe, Vadim Shipachyov, troisième compteur en KHL l'année précédente, a vite été renvoyé en Russie, à la surprise générale, malgré son nouveau contrat de neuf millions pour deux ans parce que son jeu ne correspondait pas aux critères imposés par l'équipe. 

Tomas Tatar a été rayé de la formation en séries éliminatoires même s'il venait de coûter des choix de première, deuxième et troisième ronde. Tatar se retrouve aujourd'hui à Montréal.

Il ne faut pas écarter d'emblée le Canadien ou toute autre équipe en apparence faible, comme les Red Wings de Detroit, les Sénateurs d'Ottawa ou les Canucks de Vancouver.

Mais ces clubs, s'ils veulent parvenir à atteindre les séries éliminatoires, devront avoir une rigueur, un flair, beaucoup d'audace (qu'ils ont été audacieux ces Golden Knights!) et aussi... de la chance.

Le Canadien, par exemple, ne peut se permettre de traîner des boulets en défense. Si Jordie Benn ou Karl Alzner sont trop lents, il faut prendre les décisions en conséquence. Xavier Ouellet les coiffe au final malgré un contrat à deux volets? Tant mieux. Mike Reilly a l'étoffe d'un premier ou deuxième défenseur gaucher même s'il a coûté un modeste choix de cinquième ronde au repêchage à la date limite des échanges? Tant mieux.

À l'attaque, il faudra de l'intelligence, beaucoup de vitesse et du flair. Max Domi saura se faire aimer des partisans et pourra vite faire oublier Alex Galchenyuk. Il faudra voir à long terme si Joel Armia aura la vitesse pour soutenir le rythme de Jonathan Drouin et Domi.

Jesperi Kotkaniemi et Nick Suzuki entrent dans le moule de ces joueurs intelligents et responsables. Les deux ne deviendront peut-être pas un joueur de centre de premier trio, mais en acquérant Suzuki, Marc Bergevin augmente ses chances d'en obtenir au moins un, d'ici quelques années.

Ce camp d'entraînement demeure l'un des plus intéressants depuis longtemps. Avec l'arrivée de nouvelles voix, plus jeunes, Dominique Ducharme, Joël Bouchard, souhaitons qu'on puisse chez le Canadien prendre des décisions audacieuses si elles s'imposent.

Leur présence donnera peut-être aussi une nouvelle énergie à Claude Julien, qui demeure un entraîneur de qualité, évidemment. Mais qui n'a pas besoin de subir un choc des idées à l'occasion?