Le DG des Maple Leafs de Toronto ne nommera pas de capitaine en début de saison. Ainsi, il ménage les susceptibilités. Sage décision.

Si John Tavares n'avait pas accepté l'offre de contrat ces Leafs cet été, le choix n'aurait pas suscité de discussion. La jeune star Auston Matthews serait sans doute déjà nommée.

Mais Tavares figure désormais dans le paysage. Il a été capitaine des Islanders de New York pendant cinq ans. À bientôt 28 ans, il entre dans la force de l'âge.

Nommer Tavares, à peine débarqué à Toronto, envoie cependant un message négatif envers Matthews, repêché, développé et identifié comme la prochaine grande vedette de l'équipe.

Matthews, néanmoins, a seulement 20 ans. Et il aurait eu ses désaccords avec l'entraîneur Mike Babcock l'an dernier. Au point où celui-ci a senti le besoin de lui rendre visite en Arizona après la saison pour éliminer les différends.

L'analyste de Sportsnet et ancien joueur des Maple Leafs, Nick Kypreos, a même avancé en mai que Babcock avait « perdu » son centre numéro un.

Matthews a amassé 63 points, dont 34 buts, en 62 matchs de saison régulière, mais seulement un but et une aide en sept matchs éliminatoires contre les Bruins. Mitch Marner et lui auraient manifesté leur déception de ne pas jouer assez souvent ensemble.

« Nous évaluerons la situation au fil de la saison, a déclaré Dubas au réseau TSN. Voyons comment nos joueurs réagissent aux hauts et bas d'une saison. Il s'agit d'une décision importante et rien de presse. »

Mike Babcock a reçu un beau cadeau avec l'arrivée de Tavares. Il comptera sur une formidable ligne de centre avec Matthews, Tavares et Nazem Kadri.

Mais il aura à ménager les susceptibilités. Trop de vedettes à la même position peut entraîner des conflits. Kadri acceptera-t-il un rôle au sein du troisième trio après deux saisons consécutives de 32 buts ?

Matthews digérera-t-il bien le changement de dynamique sur le plan du leadership à la suite de l'arrivée de Tavares ?

Il y a aussi les salaires. Tavares touchera 11 millions par année. Plus de 70 millions de son salaire de 77 millions sont offerts en bonis, donc garantis, peu importe un rachat de contrat ou un lockout Kadri, lui, doit se « contenter » d'un salaire de 4,5 millions par saison pour les quatre prochaines années. Il pourrait se dire qu'il a pourtant marqué un seul but de moins que Tavares au cours des deux dernières années.

Matthews, lui, écoulera la troisième année de son contrat d'entrée. Son salaire de base se situe à 925 000 $, mais les bonis pourraient lui permettre d'atteindre un salaire de 3,7 millions.

Babcock devra agir avec beaucoup de doigté pour rendre tout le monde heureux. Il y a parviendra peut-être, puisqu'il a vécu une telle expérience chez les Red Wings de Detroit. Ne pas nommer de capitaine en début de saison lui enlèvera au moins une épine du pied.

PHOTO Chris Young, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

John Tavares