Stressée, vidée et frustrée. Karine Sergerie avait quitté Pékin avec une médaille d'argent il y a quatre ans, mais elle ramenait surtout dans ses valises le sentiment de ne pas avoir profité des Jeux.

Sa première expérience olympique avait des airs de montagnes russes émotionnelles avec, pour finale, quelques larmes versées sur la deuxième marche du podium au moment de recevoir sa médaille. Une image qui avait marqué le Québec. Et que l'athlète de 27 ans se promet d'effacer à Londres.

«Karine vit d'autres Jeux. Elle est souriante, elle est bien, elle fait des blagues. Elle est même allée voir d'autres sports, raconte l'entraîneur national, Alain Bernier. Ce n'est pas la Karine des derniers Jeux.»

Bernier accompagnait aussi Sergerie à Pékin. Il se souvient d'une athlète avec «moins d'expérience, plus stressée». «Il se passait aussi pas mal de choses sur le plan personnel. La bulle émotive avait grossi, grossi, grossi», dit-il.

L'équipe nationale de taekwondo est arrivée dimanche à Londres. Karine Sergerie (-67 kg), Sébastien Michaud (-80 kg) et François Coulombe-Fortier ("80 kg) reviennent de 10 jours de camp d'entraînement aux Pays-Bas.

Les athlètes sont tenus à l'écart des médias avant leurs premiers combats, qui ont lieu aujourd'hui. Mais selon leur entraîneur, ils sont dans une forme splendide. La préparation? «Fantastique!» L'état d'esprit? «Ils ont hâte de se battre. C'est un peu comme à l'école, illustre Bernier. Ils ont étudié, étudié, étudié... Ils ont hâte à l'examen.»

Trois combats difficiles

Le tirage n'a fait aucun cadeau aux Québécois. Sergerie doit se mesurer aujourd'hui à Farida Azizova, de l'Azerbaïdjan. Championne du monde en titre junior. «C'est une petite vedette montante», dit Bernier.

L'entraîneur raconte qu'à leur dernier affrontement, Azizova avait battu la vice-championne olympique par la marque de 2-1. Mais le combat avait eu lieu en Azerbaïdjan avec un arbitre plutôt qu'à l'aide du système électronique utilisé aux Jeux.

«Le style de Karine est plus adapté au système électronique. Azizova est moins flexible, moins habile, moins rapide qu'elle. Karine a les qualités pour l'emporter, mais ce ne sera pas facile.»

Le hasard du tirage fait drôlement les choses. Si elle remporte ses deux premiers combats, Sergerie pourrait se retrouver contre la Coréenne championne à Pékin. Celle-là même qui avait brisé son rêve de remporter l'or. «Elles ne se sont pas affrontées depuis ce match à Pékin. Si Karine fait ce qu'elle doit faire, ça va être une reprise de 2008.»

Quant à Sébastien Michaud, il va affronter aujourd'hui Arman Yeremyan. Cet Arménien cogneur et costaud a un style similaire à celui de Michaud, qui a remporté 2-1 leur dernier affrontement. «Ce sont deux gars similaires. Ça va être un bon match.»

Demain, le poids lourd François Coulombe-Fortier affronte le Russe Gadzhi Umarov. «Le Russe est un peu plus petit que lui. C'est un rapide, avec de belles qualités techniques. François dans ce match-là va chercher à utiliser son ascendant physique.»

Trois matchs difficiles, mais à la portée des Québécois. Lorsqu'on évoque les chances de médaille, Bernier se défile. Une manière de ne pas mettre de pression sur ses protégés? «On est prêts, les athlètes ont hâte de se battre, dit-il. Je pense qu'on a fait ce qu'on avait à faire. Peu importe le résultat, on va sortir d'ici en paix.»