La très modeste judokate Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shaherkani (+78 kg) est entrée dans l'histoire olympique, vendredi à Londres, devenant la première Saoudienne à participer à une épreuve, la tête couverte d'un bonnet de bain afin de respecter la loi islamique.

Que le combat de la jeune fille de 16 ans n'ait duré qu'un peu plus d'une minute, est finalement anecdotique.

«Je suis heureuse et honorée de participer aux jeux Olympiques. Je continuerai à pratiquer ce sport», déclarait-elle à l'issue de son rapide aller-retour sur le tatami de sa toute première compétition.

Faute de clubs ouverts aux femmes dans son pays, Shaherkani pratique en effet le judo chez elle, opposée à son frère et son père, arbitre international à Londres, qui la battent systématiquement.

C'est donc tétanisée qu'elle a fait son entrée, sous les applaudissements d'un public acquis à sa cause malgré la polémique suscitée par les négociations sur sa tenue entre la Fédération internationale de judo (IJF), qui réclame que ses combattants soient tête nue pour des raisons de sécurité, et les autorités sportives de Riyad.

«J'étais impressionnée par le monde et encore très troublée par toute cette histoire autour du port du hijab», confiait la Saoudienne, empruntée sur le tapis, dont elle était balayée après 82 secondes par la Portoricaine Melissa Mojica, avant de «remercier les spectateurs pour leur soutien.»

«Tout prend du temps dans ce monde»

«Je ne me sentais pas bien, un peu effrayée parce que je n'ai pas l'expérience des grandes compétitions, c'est pourquoi je n'ai pas pu combattre convenablement», assurait la jeune fille, tombée en larmes dans les bras de son père, avant de rejoindre les vestiaires.

Shaherkani, que les responsables de l'IJF et du CIO espéraient pouvoir faire combattre tête nue à Londres avant de transiger pour la solution du bonnet de bain, souhaite désormais poursuivre son expérience olympique en 2016.

«Je veux m'entraîner encore plus pour Rio. Et je pense que ma participation à ces Jeux permettra à d'autres femmes d'Arabie Saoudite de le faire dans le futur», a-t-elle expliqué.

Leur présence sera-t-elle aussi chèrement négociée que celle de Shaherkani? Probablement. Les autorités saoudiennes n'ont pas l'intention de céder sur les fondamentaux, à savoir le respect de la loi islamique.

«Si c'est le cas, rien ne s'oppose à leur participation», estimait vendredi le président de la Fédération saoudienne de judo, Hani Najem. «Les femmes ont participé aux épreuves de judo plus de 20 ans après l'introduction de ce sport aux JO», rappelait-il, dans un tacle aux donneurs de leçons. «Tout prend du temps dans ce monde».

Mercredi prochain, la seconde athlète saoudienne engagée à Londres entrera en lice dans le 800 m. Sur sa photo officielle, Sarah Attar, installée en Californie, ne porte pas de voile. Sa première sortie olympique devrait être moins remarquée que celle de sa compatriote.