Alexandre Despatie l'a échappé belle lors de son accident en Espagne, le 12 juin. Si sa tête avait heurté le tremplin un peu plus bas, il n'aurait pas été en mesure de prendre part aux Jeux olympiques de Londres.

«Si j'avais frappé la planche un centimètre plus bas, la commotion aurait été beaucoup plus dure, a révélé Despatie, samedi après-midi. Je serais assis chez moi en ce moment. Je n'aurais pas plongé pour au moins 30 jours. Je suis chanceux dans ma malchance. Énormément. On parle de presque rien qui aurait pu faire que je ne sois pas ici. En même temps, c'est la situation dans laquelle je suis. Ce que j'ai sur la tête va rester pour le reste de ma vie. Je continue comme ça.»

Despatie rencontrait les médias pour la première fois depuis son arrivée dans la capitale britannique. Il s'est dit en grande forme après son stage final de préparation à Plymouth : «Mon corps va bien, je n'ai pas de gros bobo, il n'y a rien qui me tracasse. L'entraînement va bien, le volume est là, j'ai vraiment eu la chance de m'entraîner beaucoup.»

Le plongeur de 27 ans a été questionné sur l'ampleur de sa blessure, apparemment plus sérieuse que ce qui avait d'abord été communiqué aux médias, il y a quelques semaines. Dans une entrevue au Toronto Star, Christiane Despatie, la mère d'Alexandre, a expliqué que son fils a été littéralement scalpé. À l'évidence, la cicatrice, qui longe la totalité de son front à la racine des cheveux, est beaucoup plus longue que 10 centimètres. Elle en paraît au moins le double.

Souriant, Despatie a haussé les épaules en indiquant qu'il n'avait pas voulu dramatiser, souhaitant se concentrer sur ce qu'il avait à accomplir. «Oui, c'était important d'en parler, de laisser savoir aux gens ce qui s'est passé. Moi, il fallait que je tourne la page si je voulais me remettre l'entraînement. Encore aujourd'hui, ce que je vais faire avec mes cheveux, ce que je vais faire avec la cicatrice, je n'y pense pas. Je vais y penser après les Jeux. C'est le dernier de mes soucis. Là, je plonge, je m'entraîne, je me prépare pour la compétition. C'est tout ce qui compte.»

Le vice-champion olympique du 3 mètres n'a pas de crainte particulièrement par rapport à son triple saut périlleux et demi renversé, le plongeon qui a provoqué sa blessure. Il l'a exécuté pour la première fois le 17 juillet, à la quatrième journée d'un stage à Rome. «J'avais peur, a-t-il reconnu. Ce n'est pas une surprise. Sauf qu'en même temps j'étais très, très concentré sur ce que j'allais faire. C'est toujours comme ça maintenant. La chance que j'ai, c'est de ne pas me rappeler ce qui s'est passé !»

Despatie entreprendra mercredi ses quatrièmes JO au 3 m synchronisé avec son partenaire Reuben Ross. La ronde préliminaire du 3 m individuel sera présentée le 6 août. Le plongeur originaire de Laval préfère ne pas y penser. «Si je me dis qu'il me reste sept jours, je vais paniquer.»

Un jour à la fois, donc, sans s'attarder à la possibilité de monter sur le podium. «Je suis tellement imbibé dans le moment que je ne pense pas aux résultats, je ne pense pas à la fin de l'épreuve, je ne pense pas à après les Jeux !»

Le quatre et demi?

Même s'il l'exécute à l'entraînement en ce moment, il n'est pas acquis que Despatie inclura le quadruple saut périlleux et demi avant dans sa liste. En raison de ses nombreuses blessures, il n'a jamais été en mesure de faire ce plongeon à grand coefficient de difficulté dans une grande compétition internationale.

Arturo Miranda, son entraîneur, veut se donner davantage de temps pour prendre une décision. «Il a tous les ingrédients pour le faire très bien, c'est juste une question de répétition, a expliqué le coach. Le chemin qui mène à un bon plongeon n'est pas toujours là. Il a la puissance, tous les ingrédients, il sait comment le faire. C'est juste une question de confiance qu'il peut le faire avec n'importe quel saut d'appel, sous pression »

Chose certaine, Despatie est clairement dans son élément sous les projecteurs olympiques. Il semblait sincèrement heureux d'être là, à répondre aux questions.

«Le coeur est là, j'aime ce que je suis en train de vivre, a-t-il confié. J'aime les défis qui me sont présentés. Je ne dis pas que c'est facile, que tout est beau et que ce sont toutes de belles journées. J'ai été testé un peu chaque jour. Je pense que c'est les Jeux olympiques. Se dépasser dans des circonstances énormes, gigantesques, auxquelles on n'est pas habitué. J'aime vivre ce genre de situation. Je le vis chaque jour ces temps-ci.»