Michael Phelps, l'octuple médaillé d'or des Jeux olympiques de Pékin, remet ça à Londres, ses quatrièmes et derniers Jeux. Son rival Ryan Lochte n'a pas l'intention de lui faire de cadeau. «C'est à mon tour», annonce-t-il. Premier round aujourd'hui au 400 m QNI

Il est acquis que Michael Phelps deviendra l'athlète olympique le plus médaillé de l'histoire à Londres. La question est de savoir si son compatriote américain Ryan Lochte parviendra à lui voler la vedette dans la piscine du Centre aquatique.

On aura une bonne partie de la réponse dès aujourd'hui avec la présentation du 400 mètres quatre nages en cette première journée des compétitions de natation. Phelps avait juré qu'il ne disputerait plus jamais le 400 QNI. Il s'est ravisé en voyant les reprises de ses victoires à Athènes et à Pékin.

«Ce ne sera pas facile, a convenu Phelps jeudi. Ce sera beaucoup plus douloureux que ce le fut il y a quatre ans, je vais vous le dire.»

Si Lochte peut le menacer, c'est bien dans cette épreuve. Il a battu Phelps avec une étonnante facilité lors des sélections américaines, il y a quatre semaines. Les deux jurent en avoir beaucoup plus dans la caisse.

«Ce sera une course très difficile, a renchéri Bob Bowman, l'entraîneur de Phelps. Ce sera le rêve d'un coach de voir ce qui va se produire. Mais je crois aussi que ce sera un rêve pour le spectateur.»

Difficile de dire lequel de Phelps, 27 ans, 14 titres olympiques (plus deux médailles de bronze), ou Lochte, 28 ans, sextuple médaillé olympique et 12 fois champion du monde, est le plus détendu à Londres.

Phelps a eu droit à sa propre conférence de presse jeudi. Accompagné de Bowman, son coach de toujours à Baltimore, il a commencé par sortir son téléphone intelligent de sa poche pour photographier les 500 représentants des médias venus l'entendre. Bien sûr, les photos sont apparues sur sa page Twitter vendredi matin.

De belle humeur, Phelps a reconnu être particulièrement émotif pour ses quatrièmes et derniers Jeux olympiques. «Bob et moi, on est beaucoup plus relaxes, a expliqué celui qui s'alignera sur sept épreuves. Depuis quatre ans, on a du plaisir. Comme quelqu'un me l'a dit, ici, c'est l'aboutissement pour moi. La question est de savoir combien de cerises je veux sur mon sundae.»

Phelps a refusé de se mêler à une polémique provoquée par les commentaires de son coéquipier Tyler Clary, qui a mis en question son acharnement au travail dans une entrevue. Ce dernier a dû s'expliquer une dizaine de minutes avec Phelps et s'excuser devant tous ses coéquipiers.

«Ce qui rend Michael si bon est le travail, a souligné Bowman, son entraîneur. Je ne connais personne qui s'est entraîné aussi fort que nous. On s'est entraînés chaque jour pendant six ans pour les Jeux d'Athènes. Après, on a pris les dimanches de congé parce qu'on a commencé à faire des séances tardives.»

Un homme fort

Lochte a lui aussi abattu beaucoup de travail en Floride. Depuis trois ans, il se soumet à un régime d'entraînement conçu pour des concours d'hommes forts, une discipline que pratique son préparateur physique. Il s'est mis à soulever d'immenses pneus de tracteurs, à lancer des barils de bière en métal et à tirer de lourdes chaînes. Les vidéos de ces séances sont vite devenues virales sur l'internet.

«Ça m'a procuré un sursaut de confiance parce que je sais que personne d'autre ne fait ça», a souligné Lochte en marge d'une conférence de presse suivant celle de Phelps, où les autres vedettes américaines de natation ont été présentées. «Ça m'a vraiment aidé lors des derniers championnats du monde (il a battu Phelps à deux reprises, NDLR). Je suis devenu beaucoup plus gros, beaucoup plus fort dans l'eau.»

Lochte a aussi abandonné le fast-food - il racontait se nourrir exclusivement de McDonald's à Pékin! -, mais pas les séances impromptues de basketball et de skateboard, ce à quoi a dû s'habituer son entraîneur Gregg Troy, qui dirige l'équipe masculine à Londres. «La vie et la natation sont faites pour avoir du plaisir», a dit Lochte.

Celui qui disputera quatre épreuves individuelles et un relais refuse de focaliser son attention sur Phelps, qu'il affrontera aussi au 200 QNI. «Je ne suis pas ici pour battre Michael, a affirmé Lochte. Michael, c'est juste une personne. Il y a un paquet d'autres nageurs dans le monde dont je dois me méfier.»

Lochte et Phelps partagent le même appartement au Village des athlètes. Ils s'entendent comme larrons en foire comme partenaires pour les parties de dame de pique. Invité à comparer leurs deux personnalités, Lochte les a qualifiées de «vraiment différentes».

«À l'extérieur de la piscine, je suis le gars énergique qui suit le courant, a décrit Lochte. Michael est plutôt du type sérieux, très concentré, qui se détend quand il est avec les autres gars. On forme tous une grande famille.»

Dans l'eau, toutefois, ce sera chacun pour soi... à part pour le relais 4 X 200 m libre de mardi. «Lui et moi avons créé une grande rivalité, a rappelé Lochte. En même temps, on a créé une grande amitié. Gagne ou perd, on est amis. Et j'espère que ça restera ainsi.»

Photo Leon Neal, Agence France-Presse

Ryan Lochte