Ce n'est pas tous les jours qu'on a une chance de se reprendre aux Jeux olympiques. C'est arrivé à la nageuse Katerine Savard. Malheureusement, ce retournement de situation ne lui a pas été profitable. Après avoir bénéficié du désistement d'une nageuse pour accéder à la demi-finale du 100 mètres papillon, Savard a dû se contenter du 16e et dernier temps, samedi soir, au Centre aquatique de Londres.

Pour l'athlète de 19 ans, ce fut la conclusion logique à une journée fertile en rebondissements pour son baptême olympique. Dix-septième des séries matinales à la suite d'une prestation en deçà de ses capacités (58,76 secondes), Savard a cru à tort que sa journée de travail était terminée. Ébranlée, expéditive avec les journalistes, elle était en larmes quand elle a retrouvé son entraîneur Marc-André Pelletier. Le duo a préféré faire l'économie de la nage de retour au calme qui normalement suit chaque course.

«On voulait juste aller se changer les idées parce que j'étais un peu bouleversée», expliquera Savard en fin de journée. Avec son entraîneur, elle est allée flâner au Westfield, l'immense centre commercial jouxtant le Parc olympique.

Pendant ce temps, la Néerlandaise Inge Dekker, 10e qualifiée, a décidé de faire l'impasse sur les demi-finales du 100 m papillon pour se consacrer au relais 4 X 100 m libre, où elle a aidé son pays à monter sur la deuxième marche du podium en soirée.

Savard n'a été informée de ce «scratch» que vers 14 heures... par l'entremise du message d'un ami sur Facebook. Elle s'est fait confirmer le tout par Pelletier et l'entraîneur national Pierre Lafontaine. «Je rentrais bel et bien, mais il était un peu tard déjà», a-t-elle admis. Elle s'est mise à penser au repos qu'elle ne s'était pas accordé et la séance à l'eau qu'elle avait omise après la course.

N'empêche, Savard s'est élancée avec fougue du bloc numéro 8 pour cette demi-finale inespérée. Ce ne fut pas plus facile. Tendue, elle s'est retrouvée coincée par le mur au virage, avant de peiner dans la dernière longueur. Le temps: 59,22, à près d'une seconde et demie de son record canadien établi en novembre. Le rang: 16e.

Elle avait toutefois retrouvé le sourire pour son deuxième passage dans la zone d'entrevues. «Je suis contente d'avoir quand même nagé deux fois. Je suis quand même demi-finaliste aux Jeux olympiques. Alors on va le prendre comme ça.» Mais la nageuse originaire de Pont-Rouge était venue pour plus. Neuvième aux derniers Mondiaux de Shanghai, à un dixième de la finale, elle ne cachait pas son ambition de se glisser parmi les huit premières à Londres.

«Honnêtement, je me sentais très bien dans l'eau depuis quelques semaines. J'avais une bonne technique. Alors les temps, je ne sais pas vraiment comment les expliquer.»

Une hypothèse: l'augmentation du travail de musculation depuis janvier, période qui coïncide avec la stagnation de ses chronos en compétition. «J'ai pris beaucoup de masse musculaire, a-t-elle noté. Je ne suis peut-être pas prête à l'accepter physiquement dans l'eau.»

Pelletier préférait visionner la vidéo des deux courses et se donner une période de réflexion avant de tirer des conclusions. «On a deux-trois pistes, mais on ne peut rien avancer», a dit l'entraîneur du club CSQ.

Ce dernier est le premier à reconnaître que, sur le plan physiologique, une nage de retour au calme aurait favorisé sa nageuse. Seulement, jamais le duo ne s'attendait à un désistement pour une demi-finale olympique. Et Savard était dans un tel état qu'il a jugé préférable de lui faire prendre l'air.

«Oui, on aurait dû la faire dénager, a-t-il dit. Mais émotionnellement, il fallait la sortir d'ici, l'isoler un peu. Juste lui permettre de se remettre les idées en place. Katerine est quelqu'un qui tourne la page assez rapidement. Mais il fallait le faire.»

Savard aura deux occasions de se reprendre dans la capitale britannique. Elle participera au 200 m papillon jeudi et au relais 4 X 100 m quatre nages vendredi.