La gymnastique cherche toujours à réduire au maximum le «péril des juges» et renforcer la crédibilité de son système de notation, sans pouvoir échapper aux controverses comme l'a montré la confusion finale au concours par équipe messieurs aux JO de Londres lundi.

À l'heure du dénouement, le Japonais Kohei Uchimura, la star de la gymnastique masculine, est resté ahuri en voyant sa note au cheval d'arçons, qui faisait basculer son équipe hors du podium. «Je me disais: c'est faux, c'est faux!», a raconté le triple champion du monde.

Le jury supérieur, auprès duquel les Japonais ont fait aussitôt réclamation, a estimé de même après visionnage de la vidéo. La note a été corrigée de sept dixièmes, suffisants pour bouleverser l'ordre du podium.

Pour la première soirée de médailles, la gymnastique se serait bien passée d'un tel cafouillage, même si les choses ont été réglées sans drame.

Contrairement aux Jeux d'Athènes en 2004, où le sacre de l'Américain Paul Hamm au concours général a été contesté par le grand perdant sud-coréen jusque devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) des semaines plus tard. En vain.

Ce scandale, provoqué par l'erreur non intentionnelle d'un juge, a poussé la gymnastique dans une profonde réflexion.

En 2006, la notation sur 10, la note emblématique Nadia Comaneci aux JO de Montréal, a été abandonnée au profit d'un système de deux notes combinées: l'une dite de difficultés qui additionnent les éléments du mouvement, et l'autre dite d'exécution pour laquelle le juge soustrait de 10 chaque erreur.

«De mon point de vue, les choses sont devenues beaucoup plus honnêtes et correctes en ce qui concerne tous les critères d'évaluation des gymnastes», avance Adrian Stoica, président du comité technique masculin à la Fédération internationale (FIG). Et «le péril des juges», comme il l'appelle, a été «réduit drastiquement» par différents moyens.

D'abord, dans le jury d'exécution, les notes la plus basse et la plus haute sont écartées. Si l'écart est trop important, ce sont les notes de deux juges référents qui sont prises en compte. Ceux-ci sont de nationalité autre que les gymnastes jouant les médailles.

Ensuite parce que chaque juge est lui-même évalué en fonction de sa courbe de notation lors de chaque compétition, montrant mathématiquement s'il était plutôt trop généreux ou sévère par rapport à la moyenne.

«On ne trouve plus sur les compétitions majeures des juges malhonnêtes comme on pouvait (en) trouver avant quand j'ai commencé. Ils se sont éliminés tout seuls», souligne Jean-François Blanquino, l'un des juges français aux JO.

«Avant, certains mettaient des notes très indulgentes pour leur nation, avec des déductions de six dixièmes là où il y avait deux points de faute, se souvient le juge. C'est ridicule aujourd'hui, puisque leur note ne comptera pas, et ils risquent de se faire remarquer».

Selon lui, les juges prennent leur mission très au sérieux, leur crédibilité, mais aussi le travail des athlètes en dépend. «Les gymnastes ont la pression, mais nous aussi, on n'a pas le droit de se tromper quand on voit l'importance que revêt un titre olympique», insiste Jean-François Blanquino.

«À chaque compétition, j'ai peur sachant l'importance de ce qu'on fait. Il est arrivé parfois que je n'arrive même pas à tenir le stylo tellement je transpirais!»