C'est le genre de journée où tu vois foncer vers toi 25 personnes en uniforme orange, mais c'est pas l'équipe néerlandaise de water-polo. C'est des Hare Krishna. J'ai évité la conversion de justesse.

Dans ce genre de journée, une grosse Anglaise avec des Union Jacks tatoués sur les joues te pile sur le pied dans le métro.

Le genre de journée où il commence à pleuvoir en sortant du métro exprès pour toi. De plus en plus à mesure que tu approches de l'entrée des médias pour aller voir le marathon.

Le genre de journée où tu rencontres ton premier soldat vraiment bête en 10 jours.

Ai-je précisé qu'il pleut?

Vous permettez que je me cache de la pluie en dessous d'un coin de la tente en attendant la fouille?

Non monsieur, faut attendre. Il pleut sur moi aussi.

Le genre de journée où tu vois les gouttes glisser superbement sur l'uniforme hydrofuge du soldat qui te regarde, tandis que toutes les autres gouttes en ville entrent dans tes vêtements en coton pour ne plus jamais en sortir.

Le genre de journée où tu entres dans la salle de presse en faisant flouche-que-flouche avec tes souliers et où le journaliste italien à côté te regarde avec une compassion exagérée.

Ben oui, y pleut.

Le genre de journée où tu renverses un café instantané refroidi sur ton pantalon et que ça ne change vraiment pas grand-chose.

Le genre de journée où le soleil sort tout d'un coup. Tu aperçois Constantina Dita assise à l'écart. C'est elle qui a gagné la médaille d'or au marathon à Pékin!

Mais là... 86e... à 2h41! Elle doit être tellement déçue... Personne ne va la voir.

Et puis, Mme Dita?

«Ah, je suis tellement contente d'avoir terminé! J'avais mal au dos, mais j'ai couru jusqu'à l'arrivée. Non vraiment je suis très satisfaite.» Et grand sourire.

Elle avait hier 42 ans et 195 jours, elle a couru les 42,195 km jusqu'à la fin. Elle est authentiquement contente.

Une femme qui courait le demi en 1h08, qui travaillait en usine en Roumanie entre deux courses.

C'est le genre de journée où tu veux dire: «Merci beaucoup madame, vous êtes formidable», mais si tu dis deux syllabes, aucune idée pourquoi, tu te mets à brailler. Mauvaise idée. Alors tu dis «bye» en t'enfuyant aussitôt.

C'est le genre de journée où la vie est belle.