Malcom Howard et sa bande sont arrivés en douce hier soir devant les journalistes, comme s'ils ne voulaient pas déranger. Pas de pouce en l'air ni de sourire grand comme ça de la part des premiers médaillés d'argent du Canada aux Jeux de Londres.

Peut-être que le huit de pointe masculin était encore assommé par les émotions des cinq derniers jours. Après une première course désastreuse qui laissait présager le pire samedi dernier, les huit rameurs et leur barreur Brian Price ont réussi un retour spectaculaire hier en finale, terminant à un peu plus d'une seconde des redoutables Allemands avec un chrono de 5: 49,98.

«Je suis tellement fier, a dit Malcolm Howard, le plus expérimenté des rameurs. Notre course aujourd'hui était incroyable. Pour nous, revenir si forts après notre performance de samedi dernier est vraiment gratifiant.»

Parlons de cette course de samedi. En décidant d'attaquer tôt les Allemands, champions du monde depuis trois ans, les Canadiens ont perdu leur sang-froid. À la ligne d'arrivée, ils accusaient un retard de 10 secondes sur leurs rivaux teutons. Aussi bien dire une éternité.

Le podium semblait tout à coup drôlement loin pour l'équipe, dont trois membres, Malcolm Howard, Andrew Byrnes et Brian Price, ont remporté l'or à Pékin dans la course de 2000 mètres.

«C'était très dur mentalement, concède Malcom Howard. Nous avons eu peur.»

Mais la poigne de fer de leur entraîneur Mike Spracklen, un des meilleurs du monde, a remis en selle les vétérans et les six recrues olympiques, soit Doug Csima, Gabriel Bergen, Rob Gibson, Jeremiah Brown, Conlin McCabe et Will Crothers.

L'équipe canadienne a accédé à la finale par la porte de derrière, grâce à une deuxième position à la course de repêchage de lundi.

Et hier, les athlètes se sont montrés plus patients et rusés. «Nous avons adopté un bon rythme qui nous permettrait de durer, explique Will Crothers, 25 ans, originaire de Kingston. Lorsque les Britanniques ont pourchassé les Allemands, nous n'avons pas paniqué. Nous avons conservé notre plan de match.»

Avec pour résultat la formidable poussée dans les 500 derniers mètres.

«Je sentais le bateau vibrer à l'étape des 1500 mètres, dit Brian Price, qui fait 55 kg mouillé. J'ai dit aux gars: Vous avez créé l'occasion, maintenant, saisissez-la. Je voyais les Britanniques perdre de la vitesse et les Allemands ne paraissaient pas si loin.»

Le barreur soutient que cette finale est l'un des plus beaux moments de sa carrière de 17 ans. Et sans doute l'une des plus enlevantes, puisque seulement trois secondes démarquent la première de la sixième place.

Malgré sa joie tranquille, Malcolm Howard ne prévoit pas se concocter une boucle de ceinture avec sa médaille, comme son ancien coéquipier Adam Kreek l'a fait avec sa médaille d'or de Pékin. «Je vais probablement la cacher dans mon tiroir à chaussettes et la ressortir quand j'en aurai terminé avec l'aviron», dit le rameur de 29 ans, sourire en coin.