Après le deuxième set, alors que les choses allaient mal pour lui, Pierre-Luc Hinse a pensé à ses parents et amis assis devant la télé au Québec.



«Hé, je suis aux Olympiques, s'est-il dit. Ils sont tous en train de me regarder. Ça ne finira pas comme ça...»



Dès son premier point au troisième set, Hinse a hurlé sa satisfaction. Son cri a retenti dans l'amphithéâtre, où quatre affrontements étaient tenus simultanément. «J'ai crié comme un malade pour me ramener dans le match !»



Au bout du compte, le pongiste de 24 ans, originaire de Mont-Saint-Hilaire, a perdu la rencontre. Mais après son passage à vide, il a offert une lutte endiablée au Letton Matiss Burgis, beaucoup mieux classé que lui sur la scène internationale (106e contre 305e). Hinse a poussé l'affrontement à sa limite, perdant la manche décisive 11-8.



(Au tennis de table, le gagnant est le premier à remporter quatre manches de 11 points. Deux points d'écart sont nécessaires pour gagner une manche.)



«Burgis est plus expérimenté que moi en matchs internationaux, a expliqué Hinse. Cela a eu un impact, spécialement vers la fin. Il a été plus fort mentalement. J'ai eu mes chances, mais je n'en ai pas profité. C'est dommage, parce que je l'ai senti nerveux à plusieurs reprises.»



Cette défaite met fin au parcours olympique de Hinse en compétition individuelle. «Les gars donnent toujours tout ce qu'ils ont dès le premier match, parce qu'un échec est égal à un knock-out, a-t-il dit. Au moins, je participerai au tournoi par équipe.»



Très populaire en Asie, le tennis de table l'est beaucoup moins en Amérique, où il est surtout considéré comme un  divertissement. Mais dès l'âge de 11 ans, Pierre-Luc Hinse a jeté les bases de sa carrière internationale.



«Je jouais aussi au hockey et au soccer. Mon père m'a expliqué que si je voulais atteindre un haut niveau, je devais choisir. Je n'aimais pas l'ambiance du hockey avec les cris des parents dans les estrades. Et je n'avais pas la passion du soccer. Alors j'ai choisi le tennis de table. J'aimais ça et je savais que j'avais du potentiel.»



En se qualifiant pour les Jeux olympiques, Hinse a accompli un exploit personnel. Sa mère le lui a souvent répété avant son départ pour Londres : «Pierre-Luc, je suis fier de toi !»



Hinse doit maintenant décider s'il poursuivra sa carrière. «Je prendrai un peu de recul avant de trancher. Chose sûre, je terminerai mon bac en anthropologie à l'Université d'Ottawa. J'ai mis mes études en veilleuse durant l'année olympique, mais je veux compléter mes études.»



La défaite de samedi n'empêchera pas Hinse de profiter à fond des Olympiques. Il demeurera à Londres jusqu'à la fin des Jeux. Vendredi soir, il a participé au défilé des athlètes.



«Ç'a été une super expérience. J'ai aperçu Lebron James et Kobe Bryant, qui attendaient leur tour d'entrer dans le Stade avec les athlètes américains. De notre côté, c'était spécial de côtoyer des gars comme Simon Whitfield, Daniel Nestor et Milos Raonic.»



Malgré sa défaite, Pierre-Luc Hinse pourra rentrer à la maison la tête haute. Il aurait suffi de peu de choses pour que ce revers se transforme en victoire. Le match a été passionnant jusqu'au bout. Les réflexes des pongistes sont extraordinaires et la tension d'une rencontre serrée est à trancher au couteau.